Note du traducteur : les termes entre guillemets ont été mis en italiques, les guillemets supprimés dans la majorité des cas, en raison de problèmes de compatibilité Mac/ Wordperfect/Microsoft Word.
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AFFIDAVIT
CITY OF EDMONTON
PROVINCE OF ALBERTA
A comparu devant moi, autorité soussignée, Stephen A.Kent, que je connais professionnellement, et qui après avoir dûment juré, m’a affirmé ce qui suit:
1. Je soussigné, Stephen A. Kent , Ph. D. et professeur à l’université d’Alberta, département de sociologie, au curriculum vitae joint plus bas, déclare:
2. J’ai passé treize ans à étudier nombre d’organisations dont l"église de scientologie. J’ai également publié, sous la revue de Pairs, des articles universitaires sur la scientologie et déjà discuté de ses affirmations quant à être une religion.
3. L’avocat du plaignant m’a demandé de fournir une opinion, basée sur mes études, expérience et recherches, afin de savoir si la scientologie était exclusivement et seulement une religion, si l’organisation de services de Flag était seulement une organisation religieuse, si les "procédures d’isolement" envers des gens perçus comme psychotiques étaient une pratique religieuse, si l’audition était seulement et exclusivement une pratique religieuse et si le Rundown d’Introspection était une pratique religieuse.
4. Ainsi que je l’explique ensuite, mon opinion est que la scientologie est une organisation transnationale qui n’est pas exclusivement religieuse. Parmi les activités non-religieuses, ses pratiques d’isolement de gens perçus comme psychotiques et l’audition de psychotiques. Ces activités spécifiques sont pseudo-médicales et pseudo-psychiatriques et non pas religieuses. Ces deux pratiques collent à un but essentiel et laïque de la scientologie: l’éradication de la psychiatrie et le remplacement des traîtements de santé mentale par les traîtements scientologiques. Du fait que ces traîtements mentaux sont en partie délivrés dans l’organisation de services de Flag, et pour d’autres raisons développées ci-après, l’organisation de services de Flag n’est pas uniquement une organisation religieuse dans son fonctionnement.
4. Pour déterminer quel rôle – s’il y en a – la religion tient dans l’organisation de services de Flag et dans les pratiques qui s’y font, j’utilise la définition de religion combinée avec les éléments classiques et substantifs, tels qu’ils paraissent dans la littérature sociale scientifique: la religion est un ensemble de croyances en des êtres ou forces surnaturels, liés à des pratiques fournissant aux gens un sens profond et immuable de la signification et de l’ordre. (ma définition).
5. Pour d’autres termes fondamentaux, j’utiliserai les définitions du Dictionnaire Oxford. Par conséquent, quand je me servirai du terme médecine, il s’agira de cette section de la connaissance et de la pratique ayant trait aux soins, à l’amélioration et à la prévention de la maladie chez l’humain, et concurremment, à la restauration et à la préservation de la santé, et l’art de restaurer et préserver la santé d’êtres humains par l’administration de remèdes, par les régimes, habitudes et conditions de vie. Par psychiatrie, on entendra le traitement médical des maladies du mental. Je me servirai souvent dans ce rapport du préfixe pseudo- en discutant des pratiques médicales et psychiatriques, ce qui signifiera faux, contrefait, prétendu ou falsifié.
Cette analyse est fondée sur les documents, décisions légales et études universitaires sur la scientologie et ses pratiques.
I. VUE D’ENSEMBLE DE LA SCIENTOLOGIE
8. Bref aperçu des doctrines: Connu pour sa science-fiction de gare avant et après la seconde guerre mondiale, L. Ron Hubbard (1911-1986) introduisit les prémices de la scientologie, sous le nom de dianétique, en 1950. La dianétique affirme l’existence de ce qu’Hubbard appelait "le mental réactif" et le mental analytique". Des incidents douloureux et des incidents impliquant de l’inconscience sont imprimés dans le mental réactif, incidents ayant pu se produire à tout moment de l’existence, y compris prénatale. Ces incidents imprimés sont nommés engrammes, et divers stimuli peuvent les activer de façon à provoquer un comportement irrationnel ou nuisible. Le mental analytique ne serait au contraire pas sujet à ces influences négatives, et le but de la dianétique consiste à libérer le mental analytique en débarrassant le mental réactif de ses engrammes, ce qui résulterait en un état connu sous le nom de Clair ou Clear. L’activité permettant de débarrasser le mental réactif est connue depuis les premiers temps de la dianétique sous le nom d’audition, et contenait alors des exercices dau cours desquels un auditeur dirigeait l’attention d’un préclair ou préclear vers des incidents passés de son existence, afin de découvrir et effacer des engrammes. Hubbard disait que l’effacement d’engrammes soignait une large gamme de maladies qu’il décrivait comme psychosomatiques, y compris, parmi d’autres, allergies, arthrite, asthme, bursite, difficultés oculaires, migraines, maux de tête, sinusites, certains ennuis coronariens, et ulcères. Hubbard disait aussi que la dianétique pourrait réduire la folie au niveau d’une névrose. Bien que les premiers praticiens dianéticiens aient parcouru des incidents de vies antérieures dès la fin 1950, Hubbard continua à affirmer que la dianétique était scientifique. Il ne déclara jamais à cette époque qu’il s’agissait d’une religion.
9. En mars 1952, l’introduction par Hubbard d’un nouvel appareil appelé électromètre améliora soi-disant l’aptitude de ses adeptes à auditer/parcourir des incidents datant de cette vie ou de vies antérieures. Cet appareil mesure la résistance électrique de la peau, car le préclair tient des électrodes (le plus souvent, une dans chaque main). Les scientologues pensent que cet appareil donne des indices exacts quant à des changements émotionnels, et continuent à l’utiliser pour aider l’audition (et souvent, comme supposé détecteur de mensonge).
10. Hubbard démarra ce qu’il appela "la " scientologie " au printemps 1952, et l’introduisit alors comme une extension de la supposée science Dianétique, et non pas comme étant une religion. Ce n’est qu’en décembre 53 qu’il affirma que la scientologie était une religion. Il y élabora davantage ses idées au sujet des vies antérieures (y compris dans d’autres galaxies) qu’il ne l’avait fait en dianétique. L’entité en laquelle croient les scientologues , qui continuerait d’exister au cours de vies innombrables, s’appelle thétan ; elle est grosso-modo similaire à une âme ou à un esprit qui aurait oublié sa vraie nature. En 1967, Hubbard annonça qu’il avait appris que des thétans individuels avaient été collés en conglomérats, qu’il s’agissait d’entités perdues ou dans la confusion, des thétans de corps : ces thétans de corps collés aux corps des gens seraient le résultat de milliards de victimes mortes alors qu’un seigneur galactique malfaisant nommé Xenu les aurait capturés et expédiés dans des zônes volcaniques de la terre, où ils les auraient soumis à des bombes H. Les cours supérieurs de scientologie, nommés cours de " Thétan Opérant ", ou " Thétan Opérationnel ", prétendent débarrasser l’individu et son corps des nombreux conglomérats de " body thétans " effrayés ou confus.
11. En tant que réseau d’organisation liées, la scientologie insiste sur le fait qu’elle serait religieuse lorsqu’elle s’auto-désigne désigne aux Etats-Unis, Canada, Australie, et dans la plupart des pays européens. Pourtant, en 1983, le scientologie entrait en Grèce en se déclarant association philosophique et non religion. (Angelis, 1996#3) [100], et deux ans plus tard, se déclarait philosophie scientologique en pénétrant au Japon. Elle compromet donc elle-même par rapport à ses propres définitions lorsqu’elle pénètre dans des pays dont les cultures pourraient ne pas réagir favorablement à une incursion religieuse étrangère. (Kent 1999A, 155). Comme le suggère l’auto-désignation de la scientologie, l’organisation est bien davantage qu’une organisation seulement religieuse. Sa structure complexe internationale met activement sur le marché, promeut et publicise des matériaux liés au management d’entreprises, à l’éducation, à la santé mentale, à la réhabilitation des toxicomanes, à l’impôt, à la revitalisation morale (ses propres termes) et aux loisirs (Kent 1999A 148). Je discute dans un autre article des composants de la scientologie dépassant le fait religieux, pour y inclure ses aspirations politiques, ses affaires commerciales, ses productions culturelles, ses pratiques pseudo-médicales, ses prétentions pseudo-psychiatriques et (pour les membres les plus dédiés ayant rejoint l’organisation maritime, une structure familiale alternative (abstrait dans Kent 1999b).
12. Dans le sens de ma conclusion quant au fait que la scientologie est bien plus qu’une organisation religieuse, voici ce que dit M. Norman Starkey, cadre général officiel de la scientologie, Fondé de pouvoir de la succession de L. Ron Hubbard, en 1997, lors de la controverse portant sur les efforts (finalement couronnés de succès) de la scientologie pour faire accepter ses matériaux éducatifs dans le système scolaire californien (voir Helfand, 1997). Starkey écrivit une lettre au directeur du Times Los Angeles, où il annonçait qu’Hubbard avait écrit dans de très nombreux domaines. "Son livre sur l’étude ne faisait pas partie de la religion scientologique, pas plus que ne pouvaient l’être ses ouvrages nombreux de science-fiction" (Starkey, 1997). Sans aller jusqu’à l’analyse du texte de Starkey, entre autres dans le domaine de la fiction hubbardienne et de la doctrine scientologue, mon argument sur le Rundown d’Introspection et les pratiques d’isolement qui l’accompagnent, vient en parrallèle à ce que dit Starkey quant aux écrits hubbardiens. Enoncé sans détour, le Rundown d’instrospection et les pratiques d’audition et isolement qui y sont liées font parties des quantités prodigieuses qu’Hubbard écrivit en matière de pseudo-médecine et pseudo-psychiatrie, et ne sont pas religieuses de nature ou de contenu.
13. En 1956, Hubbard lui-même identifiait la scientologie comme une psychologie et une science, et en niait précisément la nature religieuse.
La scientologie est cette branche de la psychologie qui traîte [sic] de l’aptitude humaine. C’est une extension de la dianétique, laquelle est en soi une extension de la psychologie de faculté d’il y a quatre siècles…/… La Scientologie est en réalité une nouvelle psychologie tout à fait fondamentale, dans le sens le plus précis du terme…/… elle peut changer et modifie le comportement et l’intelligence et elle est en mesure d’aider et aide les gens à étudier la vie. (Hubbard, 1956: [1]).
14. Hubbard proclamait aussi, pour renforcer ses prétentions scientifiques:
Des dizaines de milliers d’historiques de cas, de dossiers individuels, tous sous serment, sont en possession des organisations de scientologie. Aucun autre sujet sur terre, sauf la physique, n’a reçu un tel banc d’essai.
La scientologie se place dans la définition des sciences, elle est plus rigoureusement organisée que n’importe quel domaine portant cette désignation. Elle dérive de très près d’axiomes définis uniformément observables et applicables dans l’univers physique (Hubbard, 1956: [2]).
Hubbard ne pouvait être plus clair quant aux affirmations scientifiques.
15. Pour la religion, voici ce que disait Hubbard:
La scientologie n’est nulle part en conflit avec la vérité, et l’on découvrira qu’elle colle à tous les faits connus de tous les domaines qu’elle recouvre. Elle n’est en conflit avec aucune vérité religieuse. Elle offre au contraire à toutes les religions, chrétienne, juive, bouddhiste, mahométane [sic], agnostique, et athée. Elle n’essaie pas de faire changer les croyances, doctrines ou crédos de l’église de chacun, mais amène au contraire l’individu à une meilleure compréhension de ces choses, quelles qu’elles soient (Hubbard, 1956: [2-3]).
Hubbard est très clair quant au fait que dianétique et scientologie sont des sciences psychologiques, que la scientologie n’est en conflit avec aucun système religieux ou non religieux de croyance ; dans ce document, Hubbard dit donc que la scientologie n’est pas une religion.
16. Les allégations d’Hubbard sur la nature pseudo-scientifique de la scientologie, y compris dans le domaine médical et psychiatrique, font partie des soi-disant"écritures" scientologiques. Par exemple, l’un des dictionnaires scientologiques courants dit: "La scientologie reconnaît et révère le leadership spirituel de L. Ron Hubbard en tant que fondateur et Source de la philosophie religieuse de la scientologie (Hubbard, 1976, 486, [caractères gras dans l’original]). Par la suite, un groupe supérieur de l’administration [scientologique] nommé Watchdog Committee pour l’église internationale de scientologie [comité des chiens de garde etc., ndt] a publié une lettre de règlements – une "policy directive" intitulée "Intégrité de la Source" disant:
Par la présente, il est ici fermement affirmé en tant que lettre de règlements de l’église que les PUBLICATIONS DE LRH (L. Ron Hubbard) DOIVENT ETRE LAISSEES EN LEUR ETAT DE PUBLICATION.
Nul en dehors de LRH ne peut annuler ses publications.
Nul en dehors de LRH ne peut réviser ses publications en ajoutant des changements et en republiant le texte. Toute révision valide doit donc faire l’objet d’une publication séparée indiquant la modification et la façon de comprendre la révision. Elle doit aussi indiquer pourquoi le changement a été effectué, par exemple, en disant s’il s’agit d’une changement ecclésiastique ou d’un développement technique.
Les modifications des règlements de l’église deviennent des règles valides de l’église quand elles sont adoptées [par le Conseil de Direction]…
Cependant, la publication originale de LRH (quelle qu’en soit la forme) demeurera intacte afin que l’original soit conservé tel quel. De cette manière, ses écrits gardent leur intégrité et il n’y aura pas de mystère sur l’auteur de la révision et les causes de cette dernière.
La seule occasion d’une révision d’une publication de LRH est l’erreur typographique qu’on trouverait dans un original.
Les publications déjà existantes restent intactes et valides. Tout changement ultérieur sera traîté au coup par coup.
Cette lettre de règlements permettra de remettre en place l’intégrité de la Source
(Watchdog Committee for the Church of Scientology International, 1982, capitales et soulignements dans l’original])
Par conséquent, lorsque je cite Hubbard dans ce rapport, je cite les sources qui DOIVENT rester telles
quelles dans l’organisation scientologique à moins qu’Hubbard n’en donne lui-même des modifications.
II. L’ORGANISATION SCIENTOLOGUE DE SERVICES DE FLAG SERVICES ORG EST-ELLE UNIQUEMENT ET SEULEMENT RELIGIEUSE ?
17. Cours — actuellement, la scientologie offre nombre de cours à ses membres, en divers endroits. Les membres peuvent prendre des cours de niveau inférieur dans des organisations locales, (nommées des "missions"); et doivent aller dans des organisations plus importantes pour prendre des "matériaux" plus avancés. L’organisation de services de Flag, Clearwater, Floride, offre par exemple tous les cours fournis dans d’autres organisations inférieures, et délivre quantité d’autres cours supérieurs, ainsi que certains entraînement d’audition exclusifs. Selon une publication scientologue, Flag est à la fois une retraite religieuse et la "plus grande organisation mondiale de la scientologie (Church of Scientology International, 1992: 356). Les cours et entraînements constituent ce que la scientologie nomme le Pont vers la Liberté totale.
18. Il importe de faire observer la controverse tournant autour de la laïcité ou religiosité des cours et auditions délivrés à l’organisation de services de Flag. Par exemple, le rapport de la Charity Commission anglaise de fin 1999 a décidé que la scientologie ne se qualifiait pas en tant que corps charitable destiné à la progression de la religion (Charity Commission, 1999b: 1), pour plusieurs raisons, dont l’une concerne la nature même de l’audition et des cours.
Les Commissaires ayant considéré les activités scientologiques d'audition et d'entraînement que la scientologie prétend constitutifs d’adoration, ont conclu que l'audition était plutôt un genre de thérapie ou de conseil, tandis que l'entrâinement tendait vers l'étude, et que ni l'audition ni l'entraînement n'étaient démonstratrices en essence, de révérence envers un être suprême, et qu'en tant que telles, les activités scientologiques ne sont pas adoration au regard de la loi Charity.
(Charity Commission, 1999b: 2).
Dans la version complète de la décision, les Commissaires ont conclu :
que l’audition paraissait en essence très proche du conseil, qu’elle se pratique d’individu à individu, et qu’elle s’adresse aux besoins de l’individu recevant l’audition. Les scientologues eux-mêmes décrivent l’audition comme du conseil (par exemple dans la présentation video faite aux Commissaires de la Charity Commission pour l’Angleterre et le Pays de Galles). Globalement, cela ne parait pas décrire l’audition comme adoration. (Charity Commission 1999a: 25).
L’audition ne semble pas être par conséquent une activité religieuse.
190. Pour l’entraînement scientologique, la Commission:
a par ailleurs conclu que l’entraînement scientologique, impliquant une étude détaillée des œuvres de L. Ron Hubbard, selon des méthodes particulières, manquait également des éléments de révérence ou de vénération constituant l’adoration. L’entraînement scientologique paraît davantage constituer davantage une activité éducative (acquisition de connaissances et d’aptitudes pratiques pour appliquer la théorie et la technologie) qu’une activité d’adoration ou religieuse dans le sens défini par les commisssaires (Charity Commission, 1999a: 25).
L’entraînement scientologique ne semble plus religieux que l’audition.
20. Dans le même ordre d’idée, les commissaires ont "considéré les pratiques centrales de la scientologie, c’est à dire l’audition et l’entraînement, et ils ont conclu que leur aspect privé joint à leur inaccesibilité générale signifiait que ces bénéfices étaient de nature personnelle, par opposition à nature publique." La commission a donc conclu que l’application de la scientologie pour obtenir le statut charitable n’était pas établie dans le but d’un profit public, et que les pratiques d’entraînement et d’audition n’étaient pas religieuses. (Charity Commission, 1999b: 4; 1999a: 47-49).
21. B. Le système pénal scientologique. Le Projet Force de Réhabilitation : c’est un facteur supplémentaire pesant à l’encontre de la prétention de l’organisation de services de Flag quant à être uniquement religieuse; cela se produit dans ses murs le RPF est du travail forcé et un programme de ré-endoctrinement: ce programme n’est certainement pas religieux En outre, il viole presque certainement un bon nombre de conventions de droits de l’homme, comprenant : le droit à comparaître publiquement devant des juges impartiaux, le droit à la liberté de pensée, le droit à ne pas subir d’interférences illégales de la privauté ; le droit à des conditions de travail justes et favorables ; et le droit à des conditions convenables de santé physique et mentale.
22. Le RPF est un programme pénal que la scientologie fait fonctionner pour corriger des violations prétendues de la part de membres de son organisation d’élite (appelée Sea Org). Les chefs scientologues envoient des membres de la Sea Org au RPF s’ils émettent certains mouvements d’aiguille de l’élelctromètre lorsqu’ils sont conseillés (c’est à dire qu’ils reçoivent ce que la scientologie nomme audition). L’électromètre est un instrument lisant des réactions galvaniques de la peau. Les membres de la Sea Org vont aussi au RPF lorsqu’ils ont des résultats de travail médiocres, des indicateurs médiocres de personnalité (probablement du genre dépression, grommelements, expression de doutes quant à la scientologie ou ses techniques), ou qu’ils créent des problèmes (Boards of Directors of the Churches of Scientology, 1977: 1).
23. Les règles officielles de scientologie permettent à une personne de refuser le RPF si elle signe une démission de la Sea Org et/ou une déclaration documentée sur son ou ses crime(s) supposé(s) en même temps qu’un abandon de droit à toute action légale future à l’encontre du groupe (Voir anonyme, nd). Cependant, hors officialité, il existe de nombreux récits de membres de la Sea Org ayant été amenés au RPF contre leur gré. De plus, les gens qui y sont expédiés et qui dévieraient des règles strictes peuvent être assignés par leurs supérieurs à un programme plus dur et plus punitif encore, le RPF du RPF, et il est improbable que ces assignations se fassent jamais au gré de la personne.
24. Le RPF implique : confinement forcé, travail physique pénible, longues heures d’étude, diverses formes sociales de mauvais traîtements, confessions forcées et (condition finale pour être libéré du programme), des " lettres de succès " obligatoires (voir par ex. :Boards of Directors of the Churches of Scientology, 1980). Les condamnés demeurent au RPF pour un temps indéterminé, et nous avons des récits d’anciens scientologues qui indiquent que certains y demeurent pour des périodes dépassant largement un an.
25. La scientologie fait tourner des programmes RPF en divers endroits du monde (East Grinstead, Sussex, UK ; Copenhague, Los Angeles; Hemet and Happy Valley, Californie ; l’un d’eux se situe à l’hôtel Fort Harrisson de Flag service Organization à Clearwater. Les récits publiquement accessibles de personnes ayant fait la programme comprennent ceux de : Gerry Armstrong; Tonya Burden; Dennis Erlich; Nefertiti [Pseudonyme]; Anne Rosenblum; Margery Wakefield; et Hana Whitfield. L’ex-scientologue Lori Taverna a parlé du RPF lors des auditions de la ville de Clearwater sur la scientologie, en 1982. Erlich a déclaré avoir été enfermé dans une cage dans les sous-sols du Fort Harrisson Hotel de l’organisation de services de Flag, et Whitfield a déclaré sous serment avoir vu une femme (Lynn Froland, qui se trouvait au RPF du RPF) enchaînée aux tuyaux dans le même sous-sol. Le RPF n’est pas une institution religieuse et il n’en a apparamment pas été question lors de la discussion portant sur l’exemption d’impôts pour statuts charitables entre l’IRS et la scientologie. Son existence et son fonctionnement laissent à réfléchir quant aux aspects religieux prétendus par Flag.
26. En 1984, le journal Clearwater Sun écrivait un article sur le RPF. Il commence ainsi : " Le jeune homme, selon toutes les apparences, un adolescent, est accroupi dans le noir, récurant un escalier étroit sur six étages de l’ancien Hotel Fort Harrisson, " la Base à terre de Flag ", QG de l’église de scientologie.
Un journaliste questionne : Es-tu au RPF ?Sir, répond-il calmement, levant les yeux de sa tâche.
Oui, Sir, j’y suis.
Le RPF est le Projet Force de Réhabilitation, ce qui, selon celui qui en parle, est soit " une approche de patron pour améliorer les performances d’un employé dont le travail ne serait pas parfait ", soit une forme de punition pour des scientologues bannis, devant être punis pour leurs mauvaises actions ou mauvaises pensées.
Deux autres personnes adultes, également habillées en shorts bleus et vieilles chemises travaillent deux étages plus bas, récurant aussi les escaliers. Elles ne disent pas un mot. Les anciens scientologues racontent qu’il est interdit de parler au RPF, à moins que quelqu’un ne vous adresse la parole..’
Ceux qui ont passé par le RPF au Fort Harrisson parlent du terrible programme de travail, des 100 heures par semaine et des mois d’humiliation et d’abus psychologiques sous la coupe d’autres scientologues.
Mais leurs souvenirs vivaces de travaux forcés et d’abus sont contredits par les déclarations de l’église de scientologie, qui prétend qu’il s’agirait d’un " programme fait de leur plein gré ". (Shelor, 1984: 1B).
27. Mis bout à bout, ces récits démontrent que le RPF a fonctionné dans l’hotel Fort Harrisson des scientologues dès les premiers temps à Clearwater. Depuis, la scientologie a ouvert un site internet dédié au RPF (Church of Scientology International, 1996). J’ai toutes les raisons de penser que le RPF fonctionnait alors que Lisa Mc Pherson était sur le Rundown d’Introspection (ou d’autres programmes scientologiques), et qu’il fonctionne encore.
28. C. Centre de vacances : En plus de servir à l’organisation de services de Flag pour délivrer les cours et abriter le système pénal du RPF, cela sert aussi de centre de vacances. Une publication de Flag indique par exemple :
C’est le moment choisi pour vos vacances à Flag ! Situé sur la côté ensoleillée de Floride, " un vrai paradis de vacances ", Flag offre une large gamme d’attractions de loisirs. Le directeur social de Flag peut vous aider à organiser les activités de votre choix. Les plages brillantes de Clearwater ne sont qu’à quelques minutes, on trouve des attractions familiales comme le centre Walt Disney et le centre EPCOT, les jardins Busch, le Monde de la Mer, les jardins de Cyprès, et bien d’autres, accessibles chaque jour lors de vos excursions. Les sports d’été vous rempliront de joie : ski nautique, voile, surf, jogging, vélo ou tennis. Vous pouvez aussi simplement vous relaxer au bord de la piscine et vous réjouir des toutes les activités de Flag ! (Flag Crew Church of Scientology Flag Service Org, Inc., 1989: [8]).
29. Autre annonce semblable, quelques années plus tard
L’été est parfait pour passer vos vacances à Flag ! Situé sur la Côté ensoleillée, un paradis favori de vacances, Flag convient à toutes sortes d’attractions de loisirs. Le directeur social de Flag peut vous aider à organiser les activités de votre choix. Vos enfants peuvent apprendre la voile à l’école de voile Sea Org des Cadets ! Les magnifiques plages blanches de la baie de Clearwater ne sont qu’à quelques minutes de là. Des attractions et parcs à thème comme Walt Disney, les Jardins Busch, Universal Studios, les Jardins des Cyprès et bien d’autres sont tout près ou peuvent être visités lors d’excursions spéciales en bus. Les enthousiastes des sports d’été peuvent jouir de ski nautique, surf, jogging, vélo, tennis et bien d’autres activités. Venez dès maintenant à Flag et profitez des conditions spéciales de logement estival pour les visiteurs et vacanciers ! Amenez vos amis et votre famille ! (Church of Scientology Flag Service Organization, Inc., 1992: 11; [caractères gras dans l’original])
30. En gros, Flag vous encourage à vous servir de ses locaux même si vous ne prenez pas de cours, et de passer vos vacances avec famille et amis.
31. Cette description de l’hotel Fort Harrisson de l’organisation de services de Flag sous les traits d’un vulgaire hotel correspond aux déclarations de certains porte-parole de la scientologie à la mort de Lisa Mc Pherson. Les officiels de l’église ont décrit la période de 17 jours grosso-modo comme une sorte de séjour de relaxation et de repos. En effet, un des majors de l’église a récemment suggéré que son décès aurait pu survenir dans n’importe quel hotel. (Tobin 1997c: 7A). Le cadre général de l’église est Mike Rinder, qui écrivit au St Petersburg Times dans un effort pour clarifier les observations qu’il avait tenues dans une émission TV allemande, "Lisa Mc Pherson est morte dans une chambre d’hotel".(Tobin, 1997b: 8A). Rinder insiste dans ses explications: "Je cherchais à faire comprendre à une audience allemande tout à fait ignorante de l’affaire que le seul lien entre l’église et Lisa Mc Pherson, c’est qu’elle se trouvait dans une chambre d’hotel de l’église, et que si c’était arrivé dans n’importe quel autre hotel, on n’en aurait pas entendu parler dans les média." (Rinder quoted in Tobin, 1997b: 8A).
32. Durant leurs vacances, les scientologuess peuvent se rendre à la librairie de Flag et acheter des produits non religieux qui leur permettront d’étudier l’art de l’écrivain grâce à des recettes fournies par L. Ron Hubbard. Une publication de la Base Flag explique aux lecteurs que, dans une nouveau "magazine de Ron", le sujet ésotérique de l’art littéraire est amené avec candeur et authenticité par Hubbard en personne puisqu’il faisait partie des auteurs les plus lus et les plus endurants de science-fiction populaire, avec 60 millions de mots à son crédit. Les lecteurs sont donc encouragés à appeler la librairie de Flag pour commander leur exemplaire dès maintenant (CSI, 1997: [27; emphase dans l’original]). Apprendre l’écriture de fiction n’est pas une activité religieuse, mais une activité professionnelle ou de soisirs.
33. L’observation globale de ces matériaux mène à dire que l’organisation de service de Flag fait marcher un local qui fournit de l’audition et de l’entraînement, plus proche du conseil et de l’étude que d’activités religieuses. En plus de cette ambiguïté, l’usage de Flag pour faire tourner un système pénitentiaire pour certains, et un centre de vacances pour d'autres. Tout ceci mène à croire que l’organisation de services de Flag n’est pas une institution religieuse.
III -LE RUNDOWN D’INTROSPECTION SCIENTOLOGUE : S’AGIT-IL D’UNE PRATIQUE RELIGIEUSE ?
34. Si l’on veut parvenir à une conclusion quant à la religiosité ou pas de la pratique du rundown d’introspection, il faut garder en tête la triple intention du procédé. Il est censé corriger les conditions dont souffrent les psychotiques, y compris leurs (fréquents) accès de violence et destructivité (cf Hubbard 1991 I). Deuxièmement, il tente d’attaquer les critiques réputés de l’organisation et/ou de l’idéologie scientologiques, et troisièmement, il essaie d’éliminer la psychiatrie en introduisant un traitement de la psychose qui rendrait la profession inutile. Selon les enseignements d’Hubbard aux scientologues, l’introduction du Rundown d’Introspection SIGNIFIE QUE LA SEULE RAISON EXISTANTE DE CONSERVER LA PSYCHIATRIE A DISPARU (Hubbard, 1991: 1 [capitales dans l’original]). Le désir d’Hubbard et ses tentatives pour remplacer la psychiatrie par ses propres formules de " conseil " apparaissent dès la dianétique, qui précéda la scientologie. L’examen des matériaux antérieurs en relation à l’information subséquente en scientologie mène à la conclusion inévitable que le Rundwon d’Introspection est fondamentalement une pratique pseudo-psychiatrique (donc pseudo-médicale), et non pas une pratique religieuse. L’organisation de services de Flag fournit les locaux du Fort Harrisson Hotel permettant à la scientologie de s’engager dans ces pratiques pseudo-psychiatriques et pseudo-médicales.
35. Deux des allégations fondamentales de l’audition scientologique ou dianétique paraissent dès l’une des toute premières publications dianétique. Dans l’édition d’Astounding Science Fiction, Hubbard inclut ces affirmations :
1. La Dianétique est une science de la pensée organisée à partir d’axiomes définis, elle révèle apparemment l’existence de lois naturelles par lesquelles on peut uniformément causer ou prédire le comportement d’une unité organique ou de la société.
2. La Dianétique offre une technique thérapeutique grâce à laquelle traîter toute maladie mentale inorganique et toutes les maladies psychosomatiques organiques, avec la certitude d’une guérison complète des cas non présélectionnés. Elle provoque une stabilité du patient " rendu clair " très largement supérieure aux normes actuelles.
....
13. La dianétique établit une théorie de la maladie en dehors du concept des germes, englobant – ont estimé des médecins compétents – la guérison d’au moins 70 % des pathologies humaines. (Hubbard, 1950a: 85, 86).
36. Pour résumer, Hubbard affirmait dès les premiers moments de l’existence de son mouvement que la dianétique était une science thérapeutique pouvant guérir 70 % des maladies, y compris mentales. La scientologie n’a jamais dévié de ces croyances fondamentales (cf. par exemple, L. Ron Hubbard Library, 1996: 50) et elle a élaboré des procédures (surtout , l’Introspection Rundown) pour tenter d’y parvenir.
37. Les premières affirmations d’Hubbard sur la dianétique apparurent aussi en mai 1950 sous forme d’un ouvrage intitulé Dianétique, Science Moderne de la Santé Mentale [renommé en France vers 1983 "Dianétique, la Puissance de l’esprit sur le corps, pour des raisons politiques, ndt]. Le seul titre met largement l’accent sur l’aspect pseudo-scientifique des allégations sur ces nouvelles pratiques; Hubbard réïtère l’affirmation disant que 70 % des maladies seraient psychosomatiques (Hubbard, 1950b: 108). Il affirme aussi que la dianétique éliminerait la psychose. Il dit à ses lecteurs on ne sait pas encore la durée moyenne pour élever un cas institutionnalisé à un niveau névrotique: on y a réussi en deux heures, ou en dix, et dans certains cas, il en a fallu deux cents. (Hubbard, 1950b: 206) Il ajoute, dans une longue note de bas de page:
L’auditeur dianétique qui pratique uniquement avec des malades institutionnalisés devrait se procurer lui-même [sic] le texte actuellement en préparation sur ce sujet : les techniques sont similaires à celles décrites ici [dans le livre] mais penchent en direction de mesures plus héroïques : le présent volume s’adresse au traîtement de la personne normale ou du patient névrotique, masi pas assez pour être institutionnalisé. Cependant, avec intelligence et imagination, ces mêmes technqiues peuvent être appliquées avec succès à toute maladie mentale ou état mental. La dianétique Institutionnelle consiste d’abord à réduire la folie au niveau de la névrose. (Hubbard, 1950b: 206n.).
38. Les affirmations hubbardiennes sur l’efficacité de l’audition contre la folie et la psychose (Hubbard, 1950b: 151, 152) étaient pseudo-médicales. Il n’avait pas encore élaboré la scientologie ni les prétentions religieuses de ses pratiques. Cet ouvrage reste cependant une lecture obligatoire pour les scientologues, si bien que les prétentions de guérisons médicales sont familières aux membres, y inclus le personnel de l’organisation de service de Flag. Hubbard se référa d’ailleurs à cette note de bas de page quinze ans, puis vingt ans plus tard dans des publications, dont l’une apparut environ trois ans après le rundown d’instrospection.
39. Six mois plus tard, Hubbard écrit à nouveau sur la psychose. Ce texte est d’intérêt historique considérable pour l’organisation scientologique qui suivra, car il établit les bases du Code de l’Auditeur [coe de conduite] et la règle à respecter en matière de psychotiques: l’organisation le réimprimera en 1970 sous forme de lettre de règlements. Hubbard y écrit:
Toutes les écoles du mental du passé ont été victimes de l’irrationalité connue sous le nom de psychose. La dianétique, qu’elle ait ou non la solution de la psychose, n’y fait pas exception. Les psychotiques, les gens ayant un passé connu de crises, de tentatives de suicides, de tendance homicides, risquent néanmoins de demander l’instruction dianétique.
.../…
Si l’on découvre un psychotique, il peut être envoyé à l’audition (s’il s’agit d’une cas moyen, non suicidaire), ou rejeté. Lorsque la fondation Dianétique possèdera des locaux adaptés à la rétention des psychotiques, ceux qui auraient été repoussés peuvent être expédiés à cette unité capable de les recevoir. Des efforts sont en cours, et d’autres en projet, pour procurer des possibilités sanitaires où l’on pourra s’occuper de les traîter par la dianétique. (Hubbard, 1970a: 1)
40. On peut estimer très probable qu’après avoir reçu l’exemption d’impôt de la part de l’IRS en 1993, les scientologues aient pensé que les locaux tels que ceux de l’organisation de services de Flag, Hotel Fort Harrisson, convenaient pour le traîtement de psychotiques comme Lisa Mc Pherson.
41. L’animosité exercée à l’encontre de la psychiatrie et du traitement psychiatrique apparaissent début 1951 dans une lettre de nouvelles publiée par la Fondation Hubbard de Recherches Dianétique. L'un des instructeurs, David E. Cary, mourut de meurtre/suicide commis par sa femme psychologiquement dérangée, Helen. (Los Angeles Times, 1951). Helen devint suicidaire et prit une overdose de pilules pour dormir. Elle recommença plusieurs fois. Son mari arriva à temps à chaque fois. Des psychiatres furent appelés. Mais le dernier jour de son existence, Helen acheta un révolver, tua son mari et se supprima. Le dianéticien relatant la triste nouvelle concluait:
Directement ou indirectement, Helen et David Cary sont deux victimes à ajouter à la liste des inaptitudes et inepties psychiatriques. Nous essayons de ne pas être virulents en dépit du fait que cela nous ait frappés. Mais même avec une attitude clinique, nous ne pouvons nous empècher de penser aux millions de gens ayant des raisons similaires de craindre les échecs de la psychothérapie reconnue. Oui, David Cary fut attiré par la dianétique, parce que la psychiatrie avait échoué. Il l’apprit vraiment, car il voulait aider la femme qu’il aimait, mais ses efforts pour l’auditer rencontrèrent une résistance énorme (Leonard, 1951: 2).
42. L’animosité envers la psychiatrie, le désir (souvent sans la moindre preuve concluante) de lui assigner les raisons de la tragédie, existaient dès le départ dans la communauté dianétique, et firent tache d’huile dans la sous-culture scientologique.
43. Cette animosité envers la psychiatrie entra en scientologie, Hubbard et ses adeptes continuant à prétendre une efficacité curative des techniques qu’ils avaient développées. Par exemple, Hubbard disait en 1952 d’une technique nommée "processus associatif" élaborée par l’inventeur de l’électromètre Volney Mathieson:
La technique peut être considérée, par rapport à la névrose ou à la psychose, comme indispensible [sic, même faute que dans l’original en anglais] à l’auditeur et au psychanalyste. Il est délicat dans cette situation de trouver, parmi les bafouillements du patient, le matériel qui, une fois mis à jour, pourrait éloigner le stress.
Malgré son importance, le processus associatif exige peu de connaissances techniques ou d’information. Il peut servir à ceux possédant une instruction élémentaire sur l’électromètre, dans le genre " comment on l’allume, comment on le branche et comment on garde l’aiguille sur le cadran ".
On donne les électrodes au patient ; s’il est très perturbé, on les lui attache sur les mains au moyen de sparadrap, et l’on met un moufle sur l’une d’elles pour empècher qu’il ne les cogne et ne perturbe la lecture de l’aiguille. (Hubbard, 1952: 5).
44. Insistons ici sur l’instruction d’usage de la force pour coller le patient psychotique sur les électrodes.
45. Fin 1953, Hubbard publiait des instructions dans la Lettre de Nouvelles du Conseil scientologique, sur la façon de manier les cas psychotiques, et certaines de ses instructions continuèrent à apparaîtres des années durant dans les publications scientologiques.
Etape VII CAS PSYCHOTIQUES, qu’ils soient dans ou hors du corps.
Le psychotique semble dans un état si désespéré que l’auditeur se trompe souvent en utilisant des méthodes plus désespérées qu’il ne le faudrait. Servez-vous des moyens les plus légers possibles.
Donnez au cas [c’est à dire, au psychotique] de l’espace et de la liberté, si faire se peut. Faites –lui IMITER (et non faire le MOCK-UP de choses diverses [mock-up signifie créer une image imaginaire de]. Faites-lui faire de la DIFFERENTIATION DU TEMPS PRESENT.
Faites-lui dire la différence entre des objets en les lui faisant vraiment toucher. Faites-lui localiser, différencier et toucher des choses qui sont réellement réelles pour lui (de vrais objets ou éléments).
S’il est inaccessible, imitez-le dans son propre corps, jusqu’à ce qu’il entre en communication. Faites-lui localiser les coins de la pièce et les tenir sans penser. Dès qu’il est en communication passez à l’étape VI [mentionnée plus haut dans le document] MAIS ASSUREZ-VOUS VRAIMENT qu’il modifie les mock-ups jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il s’agit de mock-ups, que ça existe et que c’est lui qui les fait.
N’auditez pas d’engrammes. Il est psychotique parce que ses points de vue dans le temps présent sont si rares qu’il est parti dans le passé chercher des points de vue dont il sait au moins qu’ils existaient. Grâce à la DIFFERENTIATION DANS LE TEMPS PRESENT, au toucher des objets, redonnez-lui son idée d’abondance de points de vue dans le temps présent (Hubbard, 1953: [6; capitales et soulignés dans le texte original])
Les directives pour obtenir que le psychotique se localise lui-même dans le présent et dans le lieu présent, jointes aux techniques d’imitation destinées à obtenir qu’il se réoriente, sont des thèmes récurrents (et simplistes) apparaissant dans diverses publications.
46. Autre exemple des premiers temps: déclaration portant sur le traitement des psychotiques parue en janvier 1954, sous la plume d’une membre de l’Association Hubbard des Scientologues.
Le but de la scientologie est un monde sain. Cela peut s’atteindre, mais seulement en libérant les gens de leurs aberrations et du contrôle des autres. Les techniques peuvent être utilisées pour traîter les gens gravement atteints et les malades mentaux, et il n’existe aucune raison de ne pas le faire…...(O’Connell, 1954: 5).
47. Vers la même période, Hubbard discute à nouveau de certains aspects des auditions des psychotiques; le texte paraît début 1955:
L’auditeur qui voit un psychotique essaie de comprendre l’incompréhensible, et s’il fallait cesser d’utiliser le mot psychotique, on pourrait utiliser le terme d’incompréhensétique [sic], qui conviendrait parfaitement bien.
S’il n’a pas cette compréhension de l’incompréhensible, l’auditeur auditera le psychotique, mais avec des difficultés considérables. La meilleure façon de manier un psychotique, c’est la forme physique, en lui faisant imiter la forme physique. Nous avons donc notre premier niveau d’imitation, et nous plaçons alors un coin de communication. (Hubbard, 1955: 1-2).
48. Ces directives confuses et vagues données aux auditeurs semblent impliquer qu’il leur faut parvenir à faire communiquer les psychotiques avec autrui, (et exprimer leurs pensées), grâce à des procédés d’imitation. Bien que rien ne montre que des scientologues aient tenté de faire ces procédés sur Lisa Mc Pherson, ils croyaient pourtant pouvoir entrer en communication avec elle grâce à l’audition. (cf. Hubbard, 1974a: 240-241), qui paraît être du même ordre que les techniques simplistes de mimique envisagées auparavant par Hubbard. Il n’y eut pas d’audition de Lisa Mc Pherson. Selon l’avocat et porte-parole scientologue Elliot Abelson, Lisa Mc Pherson était inéligible pour recevoir de l’audition [au Fort Harrisson] parce qu’elle avait des difficultés pour dormir L’audition n’est pas pratiquée sur ceux qui manquent de sommeil, moins de six à huit heures, disait-il. Une personne doit aussi être stable pour recevoir de l’audition, a-t’il ajouté. Vers le milieu de son séjour, Lisa Mc Pherson commença à taper dans les murs, dit-il. "Elle se trouvait en quelque sorte en mode destructif" (Abelson cité par Tobin, 1997a: 12A). Par conséquent, même si les scientologues considérent l’audition comme un exercice religieux, Mc Pherson n’y a pas participé durant les 17 jours précédant sa mort à l’hotel Fort Harrisson.
49. En 1956, une discussion on ne peut plus claire d’Hubbard sur les pouvoirs affirmés de guérison de la folie. Expliquant un "domaine d’application de la science psychologique" il disait:"nous avons assumé le contrôle sur la folie, la névrose, et l’aberration et pouvons vraiment les faire disparaître. Dans le Livre Un, Dianétique Science moderne de la Santé mentale, on avait des techniques qui exposaient puis faisaient disparaître toute manifestation connue dans le domaine de la folie, ainsi que toute aberration. (Hubbard, 1956: [3]). C’est à nouveau une description de la scientologie sous les traits de science, et non pas de religion, en mesure de traîter la folie.
50. Au fur et à mesure de l’évolution de la scientologie, Hubbard continuait à écrire sur la psychose, la folie et les psychotiques. Il produisit en 1960 un nouveau bulletin intitulé Nouvelle définition de la psychose où il conclut Un psychotique est une personne ne pouvant recevoir d’ordre d’aucune sorte, qui reste là sans bouger ou devient folle à la seule idée qu’un autre déterminisme puisse lui faire faire quelque chose. Vous voulez savoir si quelqu’un est fou? Donnez-lui un ordre simple. (Hubbard, 1960).
51. Document remarquable de 1968 sous la plume d’Hubbard: il y écrivit qu’il se croyait en guerre avec son organisation contre toute la profession s’occupant de santé mentale dans le monde. Dans une Directive de l’Exécutif intitulée La Guerre, Hubbard proclame: La psychiatrie et la Santé Mentale est [sic] choisie pour véhicule destiné à détruire l’Occident! Et nous sommes en travers de leur chemin. (Hubbard, 1968: 1). Sur le défi scientologie/psychiatrie, Hubbard déclarait également : C’est une guerre coriace. Ce n’est pas fini. Notre erreur fut de ne pas prendre le contrôle absolu de tout ce qui concerne la santé mentale en Occident. Bon, nous allons y parvenir. (Hubbard, 1968: 2). Il annonçait à nouveau deux ans plus tard "Je travaille à cohérer [sic, litt. de l’anglais cohere, ndt] tous ceux qui sont actuellement entraînés par une association professionnelle dans tous les pays et à préparer la prise en charge de toutes les institutions s’occupant de santé mentale et d’appropriations sociales sur la planète. (Hubbard, 1970b: 3).
52. Du milieu des années 60 jusqu’au début des années 70, Hubbard écrivit beaucoup sur la psychose. On ne peut pas vraiment dénouer l’ensemble de ses affirmations et recommandations quant à la psychose à cette époque, sinon pour dire qu’il rejetait l’idée que la psychiatrie puisse soigner la folie, tout en affirmant que la scientologie le pouvait. On trouve ici et là de nouvelles assertions pseudo-psychiatriques sur les conditions mentales et les traîtements supposés les guérir. Par exemple, Hubbard identifie en 1965 ce qu’il appelle le PTS Type Trois [source potentielle de trouble type trois, ndt]: "quelqu’un qui est en tel état qu’il est généralement dans une institution ou devrait s’y trouver. (Hubbard, 1965: 3). La folie de ce type de personne provient du fait qu’elle a été submergée par un SP [une personne suppressive; une ennemie de la scientologie] au point que trop de gens paraissent alors être des SPs pour elle. (Hubbard, 1965: 3).
53. Hubbard conseillait de s’opposer à l’institutionnalisation d’un individu PTS 3, car ça ne faisait que le mettre à la maison de fous. Il ordonnait aux scientologues de donner à la personne PTS 3 un environnement relativement sain, calme, du repos et aucun traitement de nature mentale…/… des soins de nature très abrutales [sic, litt. de l’anglais unbrutal] tels alimentation par intra-veineuses et soporifiques (pilules pour dormir et pour calmer) peuvent être nécessaires. Ces gens sont souvent également malades d’une maladie ayant des remèdes médicaux (Hubbard, 1965: 4). Par conséquent, Hubbard donne dans ce bulletin des recommandations à la fois pseudo-médicales et pseudo-psychiatriques sans qu’un contexte religieux soit impliqué.
54. Hubbard affirme donc ici que la personne se calmerait suffisamment pour qu’on puisse l’auditer, ce qui conduirait finalement à découvrir et guérir la cause de la folie. Il recommande spécifiquement une intervention médicale (il n’était pas qualifié pour le faire). Il ajoute cependant quelque chose qui s’applique au procès de la succession Lisa Mc Pherson: Mais il y aura toujours quelques échecs, car le malade mental se retire parfois dans une inconscience rigide lui servant de défense finale; parfois on ne peut le maintenir en vie, parfois ils est trop fébrile et agité pour qu’on puisse jamais le ramener au calme." (Hubbard, 1965: 4). Il ne dit pas ce qu’on doit faire dans ces circonstances. Il est plus que probable que les directives de ce bulletin aient influencé l’avènement du Rundown d’Introspection, et il pensa que ça tenait la promesse faite dans Dianétique, Science moderne de la Santé Mentale, à propos de l’établissement de la dianétique institutionnelle. (Hubbard, 1965: 4).
55. Il reparla de la psychose en 1966 dans un article intitulé "Psychose, Nevrose et psychiatres", insistant : Toutes les névroses et psychoses sont DES CAPACITES EXAGERES, CONCENTREES, et nous avons en scientologie la méthode standard pour éradiquer l’une de ces psychoses ou névroses"(Hubbard, 1966a: 4 [capitales dans l’ original]). Les techniques scientologues à l’esprit, Hubbard conclut pour ses adeptes: Si vous comprenez tout à fait que l’affaiblissement de la psychiatrie provient de ce qu’ils n’ont pas compris la santé mentale, il n’y aura plus de spécialiste de la folie au-delà de ce point. (Hubbard, 1966a: 6).Il écrivit également en 66 un article intitulé Psychotiques où il annonce La thérapie complète pour un psychotique institutionnalisé, c’est à dire en fait, la victime d’un véritable psychotique, consiste seulement à localiser le véritable psychotique dans la vie de la personne. Il y a une réponse magique ici: la technologie existe, et s’appelle "Recherche et Découverte" [Search and Discovery, un procédé, ndt]; c’est un exercice spécifique d’audition en scientologie (Hubbard, 1966b: [6]). Hubbard ne dit pas non plus ici que ce remède suposé puisse être pratique religieuse.
56. En 1969, il écrit un paragraphe sur la question du traîtement des malades mentaux, qu’il ordonne de placer dans les "séries médicales"L’usage de la dianétique pour les médecins.
On devrait permettre le repos à quelqu’un qui est momentanément dérangé mentalement suite à un choc émotionnel et lorsqu’il n’y a pas de maladie médicale, puis on devrait le manier au moyen d’un assist [procédé d’assitance, ndt] comme indiqué plus haut [dans ce bulletin], ou par de l’audition dianétique normale. Le repos et l’absence de contrainte supplémentaires remettront le plus souvent la personne dans son état normal en peu de temps, quelques jours peut-être, mais pas si cela se passe dans une atmosphère terrorisante, par exemple dans un hopital psychiatrique, où le patient risque d’être blessé ou tué. (Hubbard, 1969: 3).
Ses commentaires quant au risque d’être tué en hopital psychiatrique paraissent ironiques quand on songe à ce qui s’est passé pour Mlle Mc Pherson en scientologie.
57. Fin 1970, longue explication sur la psychose dans un bulletin qui ne parle que de ce sujet. Hubbard : Grâce à de légers changements de procédure pour quelques préclairs, j’ai réussi à découvrir les motifs et mécanismes sous-jacents à la psychose… l’amélioration de la condition de folie a été atteinte et l’on peut considérer atteint ce que je disais en note de bas de page de DMSMH à propos de la recherche future. (Hubbard, 1970c: 1). Ce bulletin est important du fait qu’Hubbard prétend avoir découvert des dimensions plus graves à la psychose et à la folie, que la psychiatrie ne le disait. Ces nouvelles dimensions sont une fois encore les mêmes: les personnes suppressives [souvent identifiées comme ennemies de la scientologie]
58. L’opposition à la scientologie est donc considérée comme un acte de folie, les gens qui s’opposent à elle étant dès lors classés parmi les malades mentaux. Un aspect significatif dess efforts de la scientologie pour contrôler les membres qui désirent quitter l’organisation (tels Lisa Mc Pherson) consiste donc à les manier comme des opposants psychotiques. Lorsqu’Hubbard identifiait ainsi la meilleure méthode pour qu’un C/S [un superviseur des cas, dans l’audition] sache détecter les malades mentaux, six ou sept des caractéristiques qu’il donne ont trait au fait de lutter contre la scientologie ou de lui faire du tort.
1. Prétendre accomplir son travail et ses devoirs, alors que le résultat réel régulier est destructif pour le groupe en termes de casse, d’affaires manquées, d’objets égarés etc.
2. Le cas ne fait pas de progrès, ou fait des hauts et des bas, et démontre donc des symptômes PTS [source potentielle de troubles : une personne de ce type ne peut faire de progrès parce qu’elle serait liée à un ennemi de la scientologie ou à un suppressif]
3. Ils sont habituellement chroniquement physiquement malades
4. Ils ont une haine profonde mais soigneusement cachée envers quiconque tente de les aider
5. Quand il " aident ", le résultat de leur aide est blessant.
6. Ils cherchent souvent à être transférés ou souhaitent partir
7. Ils sont impliqués dans des conflits invisibles aux autres . On se demande comment ils peuvent être si impliqués dans tant d’hostilité (Hubbard, 1970c: 1-2).
59. Inutile d’ajouter que Lisa Mc Pherson démontrait certainement la sixième caractéristique (désir de s’en aller); mais Hubbard ne laissait aucune place à ceux qui veulent s’en aller pour des circonstances objectives impliquant la scientologie.
60. Tout au long de ce document de 1970, Hubbard passe de l’attaque envers la psychiatrie à son maniement de la folie et à sa définition élargie des psychoses, qui inclut l’étiquetage des ennemis de la scientologie parmi les malades mentaux. "Le psychotique est motivé par l’intention de faire du tort, déduisait Hubbard. Chez le psychotique, ces intentions sont tout à fait conscientes. @ (Hubbard, 1970c: 2). Ces réalisations importaient à Hubbard puisque, dit-il: j’ai réalisé depuis longtemps qu’il nous faudrait être en mesure de manier la psychiatrie, puisqu’elle faiblit. J’ai eu l’occasion de travailler là-dessus. Et je l’ai manié [sic] (Hubbard, 1970c: 4).
61. Le Rundown d’Introspection apparaît pour la première fois le 23 janvier 1974, puis est révisé deux fois au 1er novembre. La révison de novembre explique qu’il n’a jamais existé de remède à la psychose avant ça. (Hubbard, 1974a: 346 [soulignement dans l’original]). Après avoir prétendu que cette procédure résulte du fait qu’un auditeur ait ramené dans le présent une personne ayant eu une crise de démence, Hubbard proclame CELA SIGNIFIE QUE LA DERNIERE RAISON D’ETRE DE LA PSYCHIATRIE a disparu. (Hubbard, 1974a: 346 [cap. dans l’original]). Contrairement aux conclusions d’Hubbard en 65, (disant de ne pas auditer un PTS type 3 tant que la personne n’est pas calmée), Hubbard ordonne aux scientologues d’isoler le psychotique, de ne pas lui parler, de lui donner des vitamines et minéraux spécifiques, et d’entamer l’audition. (Hubbard, 1974a: 347).Le superviseur de cas, pas compétent en principe en matière médicale ou en psychiatrie, a le pouvoir et la responsabilité de décider le moment où la personne ayant eu la crise deviendrait suffisamment sûre pour qu’on arrète sa quarantaine d’isolement. (1974b: 261). La version révisée en 1991 ajoute une bonne série de questions à celles de 1974 (Hubbard, 1991: 3-23), et enlève les mots finaux joyeux d’Hubbard "LA PLANETE EST A NOUS." (Hubbard, 1974a: 353).
62. Dans l’ouvrage majeur de l’église de scientologie de Californie Qu’est-ce que la Scientologie (1978), l’organisation émet une déclaration claire et forte disant que la scientologie est capable de soigner les psychoses. Dans la sous-section intitulée les réussites de la scientologie, l’organisation écrit:
La scientologie fut la première à effectuer une percée technique au sujet de la psychose (qui signifie un désir obsessionnel de destruction). La cause véritable de la psychose fut isolée en 1970, et elle s’avéra tout à fait correcte au cours des années qui suivirent. L’homme n’a jamais été en mesure de résoudre les crises de démence. En fait, l’homme craint le dément, et en désespoir, il l’amène à manier chez la psychiatrie. La psychiatrie, désespérée à son tour, manquant de technologie efficace, n’a rien de mieux que d’user de techniques barbares telles les drogues dures, les électrochocs et les chocs insuliniques qui ne font qu’à demi tuer la personne et la supprimer. Le fait est qu’il n’a jamais existé jusque là de remède à la crise de démence. (Church of Scientology of California, 1978: 5).
63. C’est une déclaration nette du fait que la scientologie prétend soigner les psychotiques, résultat que la psychiatrie n’aurait pas atteint, dit-elle.
64. Considéré d’un contexte historique, le Rundown d’Introspection est le sommet des thérapies pseudo-psychiatriques et pseudo-médicales ayant débuté avant même la dianétique et passant par la scientologie jusqu’à nos jours. Rien n’est religieux dans le Ruindown d’Introspection. Hubbard annonce son intention laïque de détruire la psychiatrie: Lisa Mc Pherson est tombée, victime de l’organisation de services de Flag, dont les membres suivent les règles scientologiques. Dans sa réponse aux questions que je lui ai posées : "Est-ce que la pratique scientologue consistant à isoler des gens qui souffrent apparemment de détresse grave est religieuse?", et "La pratique de l’audition est-elle religieuse", l’avocat du plaignant a répondu: "je dois répondre que "non" dans le contexte du Rundown d’Introspection. Dans ce contexte, les deux sont des pratiques psychiatriques que des gens non qualifiés imposent et qui sont fondées sur des affirmations non scientifiques de la main du fondateur de la scientologie.
IV. HISTORIQUE SCIENTOLOGIQUE DE L’ISOLEMENT ET DES TENTATIVES POUR TRAITER LES MEMBRES MENTALEMENT PERTURBES
65. L’isolement de membres paraissant avoir de graves problèmes psychiatriques commence très tôt dans l’organisation scientologique. Vers mi-1955, une personne nommée Estrid Anderson Humprheys a obtenu un arrangement hors des tribunaux lors d’un procès de 9000 $ [environ 400000 F de nos jours, ndt] engagé contre L. Ron Hubbard, l’église de scientologie, la fondation Hubbard de recherche dianétique, l’association Hubbard des scientologues et d’autres, expliquant que sa maison (proche de Phoenix, Arizona) avait été gravement endommagée par des gens, disait la plainte, à l’esprit sérieusement dérangé, placés là pour traîtement et soins. La plainte disait que ces gens dérangés avaient cassé des fenètres, arraché les montants, les cables électriques, détruit et défoncé des murs et des plafonds, des portes et encadrements, les cabinets et commis d’autres dégâts. (Gazette, 1955b; Republic 1955a, 1955b).
66. Autre récit d’enfermement par la scientologie de quelqu’un qui avait de graves ennuis mentaux: celui-ci se trouve dans la déposition sous serment d’un ancien membre, Homer Schomer, lors de son passage à bord de l’Apollo, dans les années 70. Il parle d’un dénommé Bruce (ex-beau-frère de la scientologue connue Ann Broeker); Schomer raconte:
Il était enfermé dans une cabine à l’avant du bateau, depuis pas mal de semaines, peut-être de mois ; il avait l’air…, il aurait fallu qu’il soit dans une cellule capitonnée, avec une camisole de force, car si vous aviez vu la cabine après son passage, il avait tout détruit, arraché le bois des murs, et vous savez, il mangeait et dormait dans ses propres excréments. Il essayait, vous savez, de faire des trous dans la porte, et durant les premières semaines, ils essayaient seulement de le traîter, vous savez, ils pensaient qu’il se reposerait. (Schomer, 1985: 30).
67. Dans les deux cas cités, le comportement violent rappelle celui de Lisa Mc Pherson. Le nom de Marianne Coenan, 31 ans, rappelle aussi le récit de son enfermement par sa famille dans une sorte de cellule faite dans une chambre de la maison proche de Los Angeles. Lorsque les autorités la découvrirent, elle n’avait qu’une chemise et des pantalons, mais pas de chaussures. Ses jambes étaient pleines de coups, elle portait des griffures au cou et aux poignets, mais n’était pas blessée davantage. (Freed and Ahn, 1990: B1). Les récits de la presse font largement penser que sa famille l’avait placée sur le Rundown d’Introspection (Lee and Johnson, 1990: B15)
68. Voici une autre mention d’un scientologue placé sur le rundown d’instrospection, apparue dans le témognage sous serment d’une ancienne membre, Stacy Brooks Young:
116. En Scientologie, on m’a assigné la tâche de garder une jeune fille d’une vingtaine d’années qui était devenus PTS Type 3 a^près avoir été forcée à couper toute communication avec sa famille, parce qu’ils étaient perturbés par son engagement en scientologie. L’incident s’est produit à Hemet, Californie, aux quartiers de haute sécurité internationaux de la scientologie. (Young, 1994: 19).
70. Des incidents similaires ont eu lieu en Grande-Bretagne, impliquant le Rundown d’Introspection, en particulier au local scientologique d’East Grinstead. Le journal anglais The Independent a fait un article sur le Rundown d’Introspection en 1994, intitulé "Les Prisonniers de St Hill" On y lit:
L’étudiant allemand commença à hurler. Il semblait avoir perdu tout contrôle. C’était un scientologue, un membre de la plus vaste secte mondiale, en train d’étudier, on le lui avait promis, ce qui lui ferait approcher les secrets de l’univers et lui donnerait en définitive la clé de la vie éternelle.
D’après les témoins oculaires, l’homme, dont l’Indépendant connaît le nom, fut emmené dans une salle en quarantaine, dans un bâtiment proche de St Hill., château du XVII situé à East-Grinstead, Sussex, quartier général de la secte pour l’Angleterre.
La porte resta fermée pendant quinze jours. L’allemand avait été placé en " garde de quarantaine – ou garde d’isolement ", que les scientologues nomment plus couramment la garde de bébés. C’est le traîtement conseillé par le fondateur de la secte, L. Ron Hubbard, écrivain de science-fiction, lorsque des membres présentent des signes de psychose ou de maladie mentale – littérallement, des gens qui sont envahis de fantômes malfaisants . C’est le dernier ressort pour manier les scientologues difficiles. C’est un traitement que l’organisation s’est arrangée pour garder secret jusque là. Le sujet est constamment sous surveillance, et il n’est pas permis de lui parler. Il est " muselé ", dans leur jargon. Nos témoins, qui ont demandé à rester anonymes, se souviennent que l’allemand était parfois incontinent et qu’il leur fallait nettoyer les odeurs dans la pièce - une pièce vide. Les cinq personnes qui montaient la garde ne pouvaient communiquer avec lui que par écrit. On lui permit finalement de rentrer en Allemagne.
Le journal a enquèté au cours des mois précédents, cherchant les méthodes quasi-psychologiques vraisemblablement illégales et potentiellement dangereuses à long terme pour ses membres les plus vulnérables.
L’incident de garde de bébés de l’étudiant allemand s’est produit en 1991, mais la technique a été utilisée depuis, selon des documents confidentiels de l’église datant de 1993, expédiés au même journal. Ils démontrent que les scientologues ont mené une enquète interne après qu’un autre étudiant allemand ait subi la garde des bébés à St Hill, l’année précédente. L’enquète fut lancée parce que la femme mise en isolement souffrait déjà de troubles mentaux prononcés ; dans le jargon de l’officier d’éthique scientologue, elle était PTS type 3, ce qui signifie démente. Elle piqua la crise, dit le document, alors qu’elle travaillait en Europe pour l’organisation. Début 93, elle arrivait à St Hill et fut mise en garde des bébés parce qu’elle " présentait un risque pour la sécurité " C’est son petit ami qui fut chargé de la garde. Mais cela se passa très mal, la garde durant beaucoup plus longtemps que prévu en raison de l’incompétence des officiels locaux, dit le rapport. On ne sait pas si elle fut constamment enfermée dans un local ou si on lui permit, comme c’est parfois le cas, de faire parfois des promenades. Il semble y avoir eu une dispute entre les staffs présents quant aux compétences requises pour traîter un tel cas, et la permission de le manier arriva finalement de la direction américaine de la secte.
Plusieurs des officiers supérieurs de la branche anglaise furent blâmés pour avoir autorisé la femme à demeurer membre de la secte : d’après un mémo interne, elle semblait avoir un passé de droguée. Ces membres supérieurs furent convoqués à un tribunal interne. S’ils étaient jugés coupables d’avoir manqué d’assurer la sécurité du membre, ils risquaient d’être cassés et envoyés en " réhabilitation " pour une période de travail forcé. Selon le rapport, il semble que la femme s’échappa de St Hill, fut arrètée par la police et reexpédiée en Allemagne.
Un ancien officier supérieur de la secte ayant travaillé à la section californienne de l’organisation a été impliqué dans plusieurs gardes des bébés. Il est arrivé qu’une femme soit mise en garde pour avoir jeté des fournitures de bureau par la fenètre dominant le Boulevard Hollywood. On l’enferma dans sa chambre. Il fallut vider tout ce qu’il y avait là, complètement et la laisser là-dedans plus d’une semaine, a déclaré cet ancien. Elle était folle, elle criait et se parlait à elle-même.
Cette femme avait commencé l’un des cours les plus éprouvants de la secte, où les étudiants apprennent qu’il y a 75 millions d’années, la terre faisait partie d’une confédération galactique dirigée par un prince malfaisant nommé Xenu. Il avait expédié les habitants de 76 planètes sur terre. Les " esprits, ou thétans " de ces extra-terrestres habitent les âmes de êtres humains d’aujourd’hui, et doivent être exorcisés.
La Dr Betty Tylden, psychiatre conseil en retraite, régulièrement appelée comme experts par les tribunaux , a traité des scientologues se remettant des effets des gardes de bébé, qu’ils en aient été victimes ou gardiens. Rien qu’au cours des derniers mois, elle en a vu plusieurs. Ces gens sont terriblement effrayés, dit-elle. Ils sortent de là avec un symptôme très proche du symptôme post-traumatique, le syndrome du prisonnier. Hypersensibilité, flashbacks, obsessions. C’est très mauvais, et même si ça ne viole pas de lois, c’est une violation brutale des libertés individuelles. (Kelsey and Ricks, 1994).
71. L’église de scientologie utilise le Rundown d’introspection en Angleterre, où des doutes ont également fait surface quant à sa légalité.
72. L’épreuve subie par Lisa Mc Pherson semble très répandue dans l’organisation scientologique. Les scientologues se servent depuis des décennies de ce qui a fini par s’appeler Rundown d’instrospection en divers endroits du monde. Les membres surveillant les "psychotiques ne paraissent pas compétents pour pratiquer médecine ou psychiatrie, ne semblent pas médecins ou psychiatres, et les patients eux-mêmes semblent souffrir de graves troubles psychiatriques. L’ironie de la situation veut qu’Hubbard ait écrit dès 1965 – et que la scientologie l’ait republié en 1987 - qu’il pouvait arriver qu’on ne soit pas capable de garder les patients en vie. (Hubbard, 1965: 4).
73. Qualifier le rundown d’introspection de pratique religieuse, c’est ignorer ses intentions évidentes et son contenu pseudo-médical. L’organisation de Flag a autorisé certains de ses membres à s’engager dans des pratiques pseudo-médicales pour lesquelles ils n’avaient pas de compétences reconnues. ,La scientologie a un passé de pratique médicale illégale, et les autorités ont essayé d’empècher ses membres de continuer depuis le début des années 50.
V - Historique des pratiques illégales de la médecine et de la psychiatrie par la scientologie et la dianétique
74. C’est pratiquement dès le début que la dianétique a dû faire face à des accusations de pratiques illégales de la médecine. J’ai résumé celles-ci dans un article universitaire paru en 1996 (Kent, 1996: 30):
…le conseil médical d’état du New Jersey a accusé la Fondation Hubbard de recherche dianétique, inc, de faire fonctionner une école de traîtement des maladies sans autorisation dès janvier 1951. (Elizabeth Daily Journal, 1951a), ce qui contribua au fait que l’organisation quittât Elisabeth, NJ, en avril de cette année, avant que la procès n’ait lieu (mai 1951) (Elizabeth Daily Journal, 1951b). Fin mars 1953, deux praticiens dianéticiens furent arrètés, leurs électromètres confisqués, durant l’enquète portant sur une plainte concernant le fonctionnement d’une école médicale et la pratique illégale de la médecine. (Detroit News, 1953, Detroit Free Press, 1953; see Pickering, 1953). Plus tard, en 1953 ou début 54, un dianéticien ou scientologue de Glendale, Californie, passa semble-t’il dix jours en prison pour "pratique illégale de la médecine" (cité dans Aberree, 1954: 4).
75. Autre cas: Edd [sic] Clark, 56 ans, fut inculpé de pratique illégale de la médecine à Phoenix, Arizona. (Gazette, 1955a).
76. Le gouvernement fédéral US intervint à deux reprises contre des aspects de la pratique pseudo-médicale scientologique. La première eût lieu en 1958, alors que la FDA [Food and Drugs administration] saisit et détruisit 21000 comprimés d’un composite connu sous le nom de dianazen ou dianazene, mis sur le marché par une agence associée à l’église de scientologie de Washington, le centre de distribution prétendant indûment à l’époque qu’il s’agissait de comprimés préventifs des maladies dues aux radiations. (Wallis, 1976: 190).
77. La seconde intervention eut lieu en 1953, lorsque la FDA fit une descente dans les locaux de l’église fondatrice à Washington, y confisquant les électromètres et les documents associés. La FDA pensait que l’organisation faisait une publicité illégale sur le fait que l’électromètre soignait nombre de maladies lorsque la personne atteignait l’état de clair, ce qui exige beaucoup de travail à l’électromètre. (voir United States District Court, District of Columbia, 1971: 359). Le jugement final autorisait les scientologues à l’utiliser uniquement sous couvert de conseil d’une religion bona fide, à condition qu’il soit étiqueté comme inefficace lors du traîtement des maladies. (Wallis, 1976: 197). La décision exigeait précisément:
L’appareil doit porter une notice très visible avertissant les personnes qui s’en servent en audition ou dans n’importe quelle séance de conseil, qu’il est interdit de par la loi de le présenter comme ayant un fondement scientifique ou médical pour faire accroire qu’il est utile lors du diagnostic ou du traitement d’une quelconque maladie. Il faut noter dans la notice que l’appareil a été condamné par une cour de district des Etats Unis pour étiquetage mensonger et représentation falsificatrice en raison des lois de la FDA, et que l’électromètre n’est ni médicalement ni scientifiquement en mesure d’améliorer la santé ou les fonctions physiques de qui que ce soit. (United States District Court, District of Columbia, 1971: 364).
Il faut mentionner ici que les étiquettes apparues ensuite sur l’appareil condamné par le tribunal ne portent aucune mention de la condamnation du tribunal pour étiquetage mensonger et représentation falsificatrice.
78. J’ai publié voici quelques années un article revu par des pairs, au cours duquel j’examinais si les prétentions d’Hubbard quant à la scientologie étaient similaires à plusieurs religions orientales. J’ai conclu, d’après les preuves alors en ma possession, que dans les années 50 et 60, que Hubbard avait fait la plupart de ces allégations de similitudes à des religions orientales dans des moments où les risques s’ensuivant des interventions gouvernementales existantes étaient importantes, afin de réduire les risques de condamnation pour médecine illégale. (Kent, 1996: 30). J’ai découvert d’autres exemples pour la présente expertise, qui ne font que renforcer cette conclusion. Les efforts d’Hubbard pour acquérir une protection face à ses prétentions pseudo-médicales, en même temps que des motifs financiers à propos de concessions portant sur les impôts, expliquent pourquoi Hubbard a insisté sur les aspects religieux d’organisations scientologues., afin d’affaiblir - si pas d’annuler - les enquètes gouvernementales et l’interférence possible dans ses activités pseudo-médicales.
VI. CONCLUSION
79. Vu ce qui précède, la scientologie n’est en aucun cas une religion, puisque les composants clé des écrits d’Hubbard ont trait à des sujets laïques, du genre des techniques supposées traîter la psychose. Le Rundown d’Introspection scientologique et la pratique de mise en quarantaine pratiquée sur des personnes supposées en crise psychotique ne sont pas des pratiques religieuses, mais des pratiques pseudo-médicales et pseudo-psychiatriques. Cette conclusion tient compte de la longue et dangereuse tradition de ses tentatives de soigner des psychotiques, depuis les tout débuts de la dianétique et jusqu’à nos jours. Le fait est que Mlle Mc Pherson devint apparemment psychotique après avoir atteint le statut de Clair, ou Clear, qu’elle était censée être libérée de son mental réactif, suggère amplement que la technique scientologique est inefficace dans le traîtement d’au moins certaines formes de maladies mentales, et que cette technologie peut être fatale.
Le témoin juré n’ajoute rien à la présente
_____________________________________
Stephen A. Kent, Ph.D.
CITY OF EDMONTON
PROVINCE OF ALBERTA
Ce qui précède a été attesté pardevant moi ce 6 janvier 2000, par Stephen A. Kent, que je connais professionnellement, et qui a témoigné sous serment [le mot utilisé est " affirmation ", c’est à dire une déclaration formelle et solennelle de la vérité d’une déclaration, ndt]
____________________________
NOTAIRE PUBLIC
My commission expires_______
(signed)___________________________________
(date)_____________________________________
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