John Kennedy
jkennedy@fabmagazine.com
Il est improbable qu'un homosexuel de Toronto ne soit pas déjà
passé devant les quartiers généraux de l'église
de scientologie, à Yonge et St Mary. Son bureau en rez-de-chaussée
est connu des passants : y trônent des livres "la dianétique"
et une offre de "tests de personnalité". Malgré
sa proximité par rapport au quartier gay, l'église de
scientologie est considérée homophobe et de mauvais accueil.
Les officiels de l'église insistent : en dépit de leur
prèche moralisant, l'orientation sexuelle ne serait pas un problème.
Al Buttnor, directeur des affaires publiques, explique que tout le monde
est bienvenu: "On n'est pas là pour juger les gens, mais
seulement pour les aider à atteindre leurs buts spirituels, dit-il;
le sexe n'est pas l'essentiel dans la vie des gens. Ce n'est pas tout
dans l'existence."
Pourtant, un questionnaire interne comprend deux questions liées
au sexe, qui rendraient l'appartenance homosexuelle impossible en scientologie.
Dans la section médicale de l'enquète, la question 10
indique: "Dites votre passé sexuel, y inclus vos expériences
les plus anciennes quelle qu'en soit la forme, dites quand vous avez
commencé à avoir des rendez-vous, les noms de toutes les
personnes impliquées. Faites une liste chronologique par mois
et année, de tous les gens avec qui vous avez eu des relations
sexuelles, et lesquelles. Dites le nombre approximatif de fois où
vous avez eu ces activités de toute forme, ainsi que toute perversion
dans laquelle vous vous seriez engagé(e). Qui? Quoi? Combien
de fois? Soyez aussi précis que possible."
La question qui suit demande: "Notez tous les cas d'activité
homosexuelle depuis le plus ancien jusqu'à maintenant. Dites
avec qui, ce qui a été commis, et combien de fois."
Buttnor explique que seuls les scientologues demandant à faire
partie de positions de sécurité comme la trésorerie,
sont supposées compléter le questionnaire.
[ndw: faux, voir le passage de "Introduction à l'éthique"
plus bas. Un livre encore en vente partout en 2001.] Il incombe
à l'église d'en savoir autant que possible sur quelqu'un,
pour s'assurer qu'il ne puisse être ridiculisé et qu'on
ne puisse le faire chanter" [ndw: il s'agit
d'un aveu inversé, car c'est exactement ainsi que la secte tient
l'essentiel de ses propres clients: le chantage potentiel]
Les adeptes scientologues arguent que l'église est mal comprise
et que l'on croit souvent qu'elle serait homophobe du fait qu'elle maintient
des normes éthiques élevées et qu'elle interdit
la promiscuité. Mais, dit-elle, cette règle s'applique
aussi bien aux homosxuels qu'aux hétérosexuels.
L'église de scientologie s'est arrangée pour conserver
la tête haute dans le monde. Elle fut créée par
L. Ron Hubbard, qui écrivit son premier manuscrit en 1947, détaillant
ses "découvertes" sur le mental humain. Mais il était
également auteur de sci-fi, et l'on entendit aussi parler de
lui pour ses ennuis avec le fisc.
.../...
Dans sa littérature officielle, l'église
se décrit elle-même comme "l'étude et le maniement
de l'esprit en relation à lui-même, aux univers, et à
d'autre vie." Selon des sources, les membres paient des masses
d'argent de plus en plus importantes pour être entraînés
vers des niveaux de conscience de plus en plus élevés,
menant éventuellement à la projection astrale et aux vies
antérieures.
Bien que la religion hubbardienne ait attiré bien des adeptes
loyaux, il y en a autant pour décrire la scientologie comme une
foutaise, une secte bizarre. Dans ses papiers de divorce, une des ex-épouses
d'Hubbard l'a décrit comme "cinglé" et l'un
de ses fils a légalement changé de nom, et publié
une déclaration sous serment indiquant que son père et
son église tenaient de l'escroquerie.
L'animosité apparente de la communauté gay envers la scientologie
-- essentiellement sensible sur Internet -- tient à la fois de
la réalité et des ragots. On a lu depuis longtemps des
histoires expliquant que l'église menaçait d'exposer deux
acteurs devenus célèbres s'ils refusaient de demeurer
scientologues et de faire la publicité pour amener de nouveaux
membres haut-de-gamme et de l'argent à l'organisation. [ndw:
le journaliste fait ici allusion à Tom Cruise et John Travolta]
En dehors des rumeurs, il existe quelques preuves d'homophobie.
Dans le livre d'Hubbard "Dianétique", publié
en 1950, homosexualité et lesbianisme sont qualifiés de
perversions sexuelles, leurs pratiquants de "vraiment malades physiquement"
Pour décider de la maladie des homosexuels, Hubbard y incluait
son propre fils Quentin, qu'on découvrit inconscient dans sa
voiture et qui mourut deux semaines plus tard à l'hopital.
Dans "Science de la Survie, Une prédiction
du comportement humain", Hubbard a établi une "échelle
de tons émotionnels" classifiant et évaluant le comportement
humain. Les "pervers"', tels les homosexuels - sont classés
à 1,1 sur l'échelle qui va de 0 à 4.0. "A
1.1 sur l'échelle des tons, nous avons la promiscuité,
la perversion, le sadisme, les pratiques irrégulières,
écrit Hubbard; les gens à ce niveau sont extrèmement
dangereux pour la société, l'aberration étant contagieuse.
Une société atteignant ce niveau est sur la voie de la
disparition, comme les anciens grecs, les romains et les cultures européennes
et américaines. C'est là un signe de danger criard, à
quoi il faut prendre garde si l'on veut que la race perdure."
Hubbard ajoutait: "On devrait extirper ces
gens de la société aussi vite que l'on peut et tous les
interner, car c'est ici que gît la contagion de l'immoralité
et la destruction de l'éthique. Les seules réponses semblent
être la quarantaine permanente de ces gens, afin d'évietr
la contagion de leur folie.
Les scientologues répondent que les déclarations
d'Hubbard doivent être considérées en général,
"il s'agit là de deux paragraphes d'un seul livre écrit
voici 46 ans", dira l'un. C'est comme pour la Bible, on peut toujours
citer un autre passage qui contredira le premier";
[ndw: c'est un vaste mensonge:
Hubbard est supposé n'avoir écrit que des techniques absoluement
exactes, qu'il suffit d'appliquer à 100 %; et je mets les scientologues
au défi de trouver un seul passage où Hubbard défendrait
par exemple les homosexuels.]
Fab Magazine
#177 Nov 8-21, 2001
http://www.fabmagazine.com/
Page 325 "Introduction à l'éthique,
version française, on trouve dans la liste des "grands crimes"
selon la secte:
"Conduite sexuelle ou conduite sexuelle pervertie
allant à l'encontre du bien-être ou du bon état
d'esprit d'un scientologue en bon standing, ou sous la responsabilité
de la Scientologie tel qu'un étudiant ou un préclair."
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