Les "Elus" de l'IRS
Résumé: Les contribuables méritent
de savoir s'ils ont un traitement équitable de la part du
fisc. L'accord secret entre l'agence IRS et la scientologie devrait
pouvoir être étudié par le public.
Un éditorial du Times
25 mars 2004
Quels privilèges spéciaux
reçoivent les membres de la scientologie, que ne reçoivent
pas ceux des autres religions? C'est une question à laquelle
l'IRS refuse de répondre - même devant une Cour d'Appel
Fédérale!
L'IRS prétend avoir une obligation
légale de confidentialité des déclarations d'impôts,
et, depuis des années, l'Agence a étendu cette justification
aux détails d'un accord de 1993 entre la scientologie et l'IRS.
On dit qu'en échange de 12,5 millions de dollars et de l'abandon
de milliers de plaintes contre l'agence, l'église obtint quantité d'avantages,
y compris l'abandon d'audits envers 13 organisations scientologues,
l'annulation d'une très importante somme de pénalités
et d'impôts, et le privilège pour les membres scientologues
de pouvoir déduire de leurs impôts les paiements "d'audition
et de cours" versés à la scientologie. Cette déduction
fut accordée bien que la Cour Suprème des Etats-Unis
ait décidé qu'aucun traitement spécial d'impôts
n'était dû pour ces paiements d'audition et d'entraînement.
Voici deux ans, le secret de cet accord
a été dénoncé par la Cour d'Appel du 9e
circuit dans un procès impliquant un couple de juifs orthodoxes
qui déclarèrent que l'IRS avait accordé aux scientologues
une "préférence confessionnelle". A l'époque,
l'IRS avait refusé de transmettre à la Cour d'Appel une
copie de cet accord; celle-ci fit alors sardoniquement observer que
le document "secret" avait été reproduit dans la version électronique
du Wall Street Journal.
Au final, le tribunal refusa la demande
du couple Michael et Marla Sklar. Ils avaient utilisé le deal
de l'IRS avec les scientologues comme fondement de leur réclamation
destinée à obtenir la déduction fiscale de frais
de scolarité dans une école religieuse privée.
Le Tribunal a expliqué que les Sklar n'avaient pas droit à cette
déduction parce qu'ils recevaient en échange l'éducation
de leurs enfants, au prix du marché. Les déductions au
titre de dons charitables en faveur d'organisations religieuses sont
censées n'être applicables que s'il y a "profit
religieux intangible"
Mais le juge Barry Silverman, dans son
opinion, émit un encouragement à attaquer les statuts
d'impôts spécifiques aux scientologues. "Si l'IRS donne
un traitement préférentiel aux membres de l'église
de scientologie, en les autorisant à des déductions contraires
aux lois, et qu'il les refuse à tous les autres - l'action correcte
consiste à attaquer en justice afin de mettre un terme à cette
politique", écrivit le juge Silverman.
Lors du procès entamé mercredi à Los
Angeles, M. & Mme Sklar étaient de retour face à la
Cour, refusant ce qu'ils considèrent comme une injustice inhérente à la
manière dont le code des impôts a été appliqué aux
religions autres que la scientologie. Mais le 9e circuit a raison.
La réaction convenable à cette différence n'est
pas d'agrandir le cercle de ceux qui en bénéficieraient,
mais de regarder de plus près les privilèges accordés
aux scientologues pour leurs séances "d'audition" délivrées
par des "conseillers".
Quant à l'accord "secret" entre
l'IRS et les scientologues, il est temps de le montrer au public. La
loi exige que des organisations exemptées d'impôts remplissent
certaines déclarations, et le public a le droit de connaître
les détails de tout accord passé entre les Impôts
et une église.De plus, tout accord créant une nouvelle
catégorie de contribuables doit être rendu public, sans
quoi, il n'y a pas de justice en faveur de bénéficiaires
potentiels qui l'ignoreraient.
L'église scientologue peut généralement
occulter ses pratiques, mais ses interactions avec le gouvernement
doivent être puliques. Les contribuables doivent savoir s'ils
sont équitablement traités par l'IRS, et si l'IRS, comme
l'a dit le Juge Silverman, a "élu" les scientologues.
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