New York Times: Le procès
s'attaque à l'exemption d'impôts de la scientologie
[Titre original anglais: Court Case Poses
Challenge to Scientology Tax Break]
"Le procès s'attaque à l'exemption d'impôts
de la scientologie".
DAVID CAY JOHNSTON
LOS ANGELES, 21 mars -
C'est mercredi matin qu'a commencé un procès afin de déterminer
si un couple juif pourrait déduire le montant de l'éducation
religieuse de ses cinq enfants. Le couple signale que le gouvernement
a accordé cet avantage aux membres d'une seule religion,
la scientologie.
Les ramifications potentielles sont énormes,
car une décision en faveur de ce couple pourrait affecter des
millions d'américains faisant poursuivre des études dans écoles
privées religieuses à leurs enfants. Cela pourrait avoir
comme effet d'autoriser la déduction des frais d'éducation
religieux comme s'il s'agissait de dons en faveur d'oeuvres de charité,
de la même façon que les scientologues ont été autorisés à le
faire lors d'un deal officiellement secret de 1993 entre leur organisation
et l'IRS.
Cet accord a été conclu en
dépit d'une décision de la Cour Suprème Fédérale
de 1989, refusant l'exemption d'impôts pour les sommes prédéterminées,
versées à titre d'honoraires à l'église
de scientologie, pour ses services "audition" et "entrainement". La
Cour Suprème décida que ces versements n'avaient pas
qualité pour déduction charitable, s'agissant de
prix préétablis équivalents à des honoraires
payables en échange d'un service (x).
Michael et Marla Sklar, le couple de Los
Angelès, ont en premier lieu porté l'affaire devant les
tribunaux après que l'IRS ait refusé qu'ils déduisent
2080 dollars de frais d'éducation religieuse pour leurs enfants
en 1993. Ils ont perdu ce procès, M. Sklar, comptable fiscal,
s'étant défendu lui-même. Le couple a fait appel,
et trois juges de la Cour d'Appel du Neuvième Circuit leur ont
donné tort voici deux ans. Mais l'un des juges a fait une inhabituelle
requète, en suggérant qu'un procès supplémentaire
pourrait décider au mieux du problème soulevé.
Les juges du procès Sklar original
ont dit "qu'il semblait vrai que la scientologie, - fondée par
l'auteur de science-fiction Hubbard dans les années 50 -, avait
obtenu un traitement fiscal préférentiel en violation
du Premier Amendement.
"Pourquoi les cours scientologues différeraient-ils des cours de toutes
les autres religions?", écrivit le Juge Barry D. Silvermann dans son Opinion, ajoutant
qu'une réponse à cette question n'aurait pas de réponse
immédiate puisque la Cour n'avait pas à déterminer "si les membres de l'église de scientologie étaient
les Elus de l'IRS". Le Juge Silverman recommanda que le litige décide
si le gouvernement avait malencontreusement favorisé une religion.
"Si l'IRS donne
un traitement préférentiel aux membres de l'église
de scientologie - en les autorisant à obtenir des exemptions
contraires à la loi et interdites à tous les autres
- alors, l'action convenable à entreprendre consiste à porter
plainte pour mettre fin à cette politique", expliqua
le Juge Silverman.
Dans ce second procès, également
intenté à l'IRS à propos cette fois de 2309 dollars
d'impôts, les Sklar sont représentés par Jeffrey
I. Zuckerman du cabinet Curtis, Mallet-Prevost, Colt & Mosle à Washington,
qui les défend grâcieusement.
L'avocate des impôts de la scientologie,
Moique E. Yingling, explique que le procès des Sklar est dénué de
fondement. Elle explique que jusqu'à l'accord de 1993, il y
avait discrimination contre les scientologues car on ne leur permettant
pas d'effectuer des déductions au titre de charité.
"Désormais, les scientologues sont
traités comme les autres, les catholiques, les mormons, et autres," - continuant
sa liste de religions.
L'audition et l'entrainement sont des services
religieux scientologues", explique Madame Yingling, pour lesquels les
membres paient d'avance des participations à la scientologie."
Cependant, Monsieur Sklar dit ne pas voir
de différence entre les services que les scientologues citent
pour leurs déductions et l'éducation religieuse que reçoivent
ses enfants au sein de deux écoles hébraïques de
Los Angelès.
Sur leurs déclarations d'impôt,
les Sklar ont demandé un pourcentage de déductibilité proportionnel à la
part religieuse de l'éducation que reçoivent leurs enfants.
M. Sklar explique que s'il était scientologue, il pourrait bel
et bien déduire ces sommes.
Lorsque les Sklar ont essayé d'avoir
la déduction, l'IRS leur a envoyé des courriers soulignant
les termes des déductions scientologues. L'IRS a alors refusé les
déductions des Sklar, puisqu'ils ne présentaient pas
de reçus de l'église de scientologie.
En dehors du couple Sklar, les seuls (2
ndt) à avoir tenté de venir à bout de l'accord
de l'IRS avec les scientologues provient du magazine associatif à but
non-lucratif "Tax Notes". Il tenta sans succès d'obtenir que
l'accord scientologie-IRS soit rendu public. (Des copies de ce qui
semble être le deal scientologie - IRS sont publiquement
apparues il y a quelques années). [voir
aussi ceci, ndt]
"Si j'ai commencé cette action,
c'est que je ressentais qu'un très dangereux précédent
venait d'être élaboré, explique M. Sklar. Si on
ne lutte pas contre le gouvernement qui l'a décidé, cela
signifie qu'il y existe désormais une religion favorisée
par l'état, et ce genre de chose n'a jamais été fameux
pour les juifs."
M. Sklar a dit qu'après avoir demandé cette
déduction, l'IRS lui a passé un audit, ainsi que huit
de ses clients. "Je crois que l'IRS m'a harcelé, car j'avais
jusque-là à peine un audit tous les deux ans."
Une demande judiciaire destinée à obtenir
l'accord secret entre scientologie et IRS a été repoussée à la
demande de l'église de scientologie et de l'IRS. La lutte pour
parvenir à obtenir ["officiellement"] ce document risque d'être
cruciale lors de l'appel, appel qui semble plus que probable quelle
que soit la manière dont les juges d'instance décideront.
M. Sklar explique qu'après plus
d'une décennie d'exemptions en faveur des scientologues, il
croit que la seule voie laissée aux tribunaux sera d'autoriser
l'exemption des frais éducatifs aux gens de toutes les religions.
Mais le Juge Silverman, qui avait incité à un
procès complémentaire pour règler cette affaire,
avait envisagé une approche différente voici deux ans.
"Le remède, écrivit-il, ce
n'est pas d'exiger de l'IRS qu'il autorise d'autres gens à demander
des déductions illicites."
Il s'agit de la décision
de la Cour Suprème Commissionner vs Hernandez
#Premier Amendement de la Constitution
américaine: en résumé, cet amendement de la
Constitution fédérale US garantit la non-ingérence
de l'état et sa neutralité en faveur de "religions".
Un activiste antisectaire américain, Keith Henson,
a également soulevé le problème de ce deal illicite
devant les tribunaux, mais l'IRS l'a fait éconduire sous un prétexte
que je qualifierais de formel. [La direction de la secte a alors tout fait
pour se débarrasser de M. Henson, qui a été contraint
de s'expatrier au Canada pour éviter d'être emprisonné un
an à la suite de faux témoignages des scientologues de Hemet,
Californie (la base où réside leur chef Miscavige). Il semble
que le New York Times n'ait pas été conscient de cette action.]
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