LA REVANCHE SCIENTOLOGUE

Des années durant, le CAN (Cult Awareness Network) fut le pire ennemi de la scientologie. Mais la secte d'Hubbard a fini par soigner le mal: elle a repris le CAN.



 

Note: Cet article permet de mieux comprendre non seulement le sujet principal, c'est à dire comment les scientologues s'y sont pris pour détruire le CAN (l'ADFI américaine), mais aussi, les relations existant entre l'OSCE - organe du Congrès US chargé de coopérer avec l'Europe - et la scientologie, ainsi que le "pasteur" Demeo de l'institut théologique de Nîmes.


Autres éléments en bas, en anglais


http://www.newtimesla.com/News & Features

September 9 - 15, 1999
original anglais: URL: http://www.newtimesla.com/issues/1999-09-09/feature.html

Par Ron Russell

Ce fut une idée dont l'heure était venue. C'est ainsi que Priscilla Coates décrit les humbles débuts du CAN, fondé il y a une vingtaine d'années dans la foulée des meurtres et suicides en masse du Guyana, chez les adeptes de Jim Jones. Le concept en était simple: établir une association sans but lucratif d'envergure nationale pour aider les gens pris dans le tourbillon grandissant de la scène sectaire. L'acronyme CAN existe encore, au moins sur le papier. Mais près d'un quart de siècle plus tard, nul membre fondateur n'y travaille plus: quand les gens téléphonent au CAN actuel, c'est un membre de la scientologie qui lui répond. Plutôt que de mettre en garde les gens au sujet des sectes, les opposants disent que le nouveau CAN leur fait de la publicité. Comme le dit un critique, c'est comme si l'association "Laissez-les vivre" prenait le planning familial en charge.


L'histoire de la manière dont la très controversée église de scientologie - que le Time qualifia de "secte avide d'argent" - prit le contrôle du groupement anti-sectaire , son ennemi juré - est aussi bizarre que la science-fiction du fondateur de l'église, Hubbard. C'est aussi un bon avertissement envers ceux qui s'élèvent face à la scientologie, avec son penchant pour les tribunaux, et sa réputation de dure à cuire face à ceux qu'elle appelle "suppressifs", c'est à dire ceux qui ont ridiculisé ses enseignements. Ces dogmes comprennent l'histoire hubbardienne prétendant que les humains sont constitués de conglomérats d'esprits renommés "thétans", bannis sur terre il y a 75 millions d'années par un tyran galactique nommé Xenu. Hubbard, auteur de science fiction de gare mal noté dans la Navy, trouva la célébrité en 1950 lorsqu'il émit le concept de la Dianétique, alors présentée comme une science moderne de la santé mentale. Elle est encore au coeur de la pratique scientologue. On y trouve aussi un appareil genre détecteur de mensonges simplifié appelé électromètre, censé mesurer les changements de charge électrique à la surface de la peau, pendant que le sujet aborde des choses intimes de son existence. Hubbard disait que les ennuis venaient d'aberrations mentales nommées "engrammes" et que les séances de "conseil" à l'électromètre pouvaient aider à s'en débarrasser. Les scientologues appelent ce procédé (très cher) de nettoyage du mental "l'audition" ou "auditing". Mais au cours des années 70, le fisc américain fit quelques... audits de son cru et accusa Hubbard de rafler des millions de dollars à l'église, de les blanchir dans des sociétés bidon, et de les expédier vers des comptes suisses. Bien qu'il mourut avant que l'affaire ne s'achève, sa femme et une dizaine d'autres pontes de la secte allèrent en prison début des années 80 pour cambriolage, infiltration, et écoutes illégales portant sur une douzaine d'agences officielles ou privées, afin de faire cesser leurs investigations.

Dotée de vastes quartiers sur Sunset Boulevard à Hollywood, l'église à rassemblé une série d'adeptes étoilés: on y trouve John Travolta, Tom Cruise, Kirstie Alley, le musicien Chick Corea, et le chanteur Isaac Hayes. Afin de se débarrasser de sa réputation de groupe marginal, elle a engagé la puissante affaire de relations Publiques Hill & Knowlton, acheté quantité de spots télévisés, d'annonces dans la presse, et recruté des universitaires ou autres professionnels par l'entremise d'un réseau de consultants dont les liens scientologiques restent typiquement cachés. Ses membres comprenent aussi des personnalités des média: Greta Van Susteren - correspondante légale de CNN et son mari John Coale, important avocat washingtonien. Ils ont d'ailleurs joué un rôle mineur dans l'assaut scientologue contre le CAN, en représentant une dame de l'Ohio qui poursuivait une organisation de déprogrammation dite "Wellspring", dont le patron était également membre du conseil du CAN.

Dans la mire, les officiels de l'ancien CAN disent qu'ils auraient dû voir venir l'assaut de la scientologie - leur engagment suspecté dans des pratiques de kidnapping et de déprogrammation d'individus entrés dans des sectes ayant aussi créé une controverse. Ils auraient surtout dû prèter garde après qu'un avocat scientologue éminent de Los Angeles ait attaqué lors d'une plainte contre le CAN en banlieue de Seattle. Nul n'aurait imaginé que cette plainte, au nom d'un jeune homme nommé Jason Scott, qui avait été kidnappé et déprogrammé d'une secte évangélique, produirait quelques 5,2 millions de dollars de dommages et précipiterait la ruine du groupe anti-sectes. Ils n'auraient pas non plus pensé que le logo, les meubles et le numéro de téléphone du CAN auraient été soldés aux enchères par ordre du juge des saisies ce jour de 1996, et vendus à un scientologue jailli de nulle part pour placer l'enchère finale.

Mais l'indignité ultime attendait encore les croisés anti-sectaires au début 1999, dans un tribunal de Chicago. Ayant déjà vaincu le CAN, pris son nom, et expédié ses bureaux d'Illinois tout près des quartiers scientologues d'Hollywood, les avocats liés à la scientologie n'eurent qu'à faire un pas pour prendre possession des dossiers sensibles de vingt années de travail du CAN. Répartis dans plus de 150 caisses, il y avait là les noms, adresses, et informations détaillées sur des milliers de personnes ayant demandé de l'aide au CAN pour aider un ami ou un parent. La liste des organisations que ciblait l'ancien CAN se lit comme un Who's Who de la culture marginale: cela va du Ku Klux Klan et des Nations Aryennes à des douzaines de groupuscules évangélistes ou fondamentalistes, à des Eglise de Satan, Eglise de l'Unification de Moon, en passant par des adeptes de partis politiques extrémistes comme celui de Lyndon LaRouche, et bien sûr, à l'église de scientologie.

Un juge avait antérieurement exclus ces matériaux de la liquidation, ordonnant qu'ils soient retenus pendant que les anciens officiers du CAN cherchaient une protection légale afin de les conserver hors de portée de l'ennemi. Mais les juges de faillites sont souvent méfiants dès qu'il s'agit de passer les documents d'un groupe à un autre, surtout s'il s'agit de concurrents. Hélas, les avocats semblent avoir établi leur plan de campagne: rachetant les jugements portés contre le CAN ruiné, un individu de Los Angeles nommé Gary Beeny devint le principal créditeur de la faillite. Et c'est à Beeny que le juge donna en mai les dossiers, derniers vestiges des ressources anciennement abondantes du CAN. Beeny est scientologue, selon le magazine American Lawyer. Il eût tôt fait de transmettre les documents à un groupe sous contrôle scientologique, la Fondation pour la Liberté Religieuse. La fondation en question était déjà devenue l'entité officiellement autorisée à faire fonctionner le nouveau CAN, lorsqu'un autre scientologue de Los Angeles, Steven A. Hayes, avait racheté le logo et les autres biens. L'avocat qui représentait Beeny n'était autre que la porte-parole célèbre, le scientologue Kendrick L. Moxon. C'est d'ailleurs lui qui représentait Jason Scott dans l'affaire de faillite du CAN. (Scott déclare maintenant qu'il a servi de chèvre aux scientologues, et a rénié Moxon).

Impensable, mais vrai, le président de la Fondation en question, également président du nouveau CAN, n'est autre qu'un pasteur auto-déclaré baptiste : George Robertson. Autre pièce de cette symétrie inversée, le directeur du nouveau CAN n'est autre que Andy Bagley, cet hurluberlu fut secrétaire d'Hubbard en son temps, et meneur de l'antagonisme contre l'ancienne directrice de l'ancien CAN, Cynthia Kisser. Bagley avait commencé à s'occuper de Mme Kisser alors qu'il dirigeait une des branches des opérations spéciales de la scientologie, la branche "CIA" scientologue de Kansas City. "Nous parlons ici d'une conspiration de larges proportions, d'une tragédie véritable", déclare le Dr Ed Lottick, médecin Pennsylvanien et directeur de l'ancien CAN [ndt: dont le fils s'était suicidé en scientologie]. "Maintenant qu'ils ont les dossiers, Dieu sait quel désastre ils vont en tirer."


Lottick n'attendrait pas longtemps en effet.


Depuis leur transfert à Los Angeles voici deux mois, les scientologues du nouveau CAN ont entamé la tâche délicate d'organiser et archiver les dossiers. Ils désirent en faire passer des copies aux nombreux groupes visés par l'ancien CAN, dit Nancy O'Meara, cadre et trésorière du nouveau CAN. [ndt: à mon avis, les scientos ne donneront que ce qu'ils veulent à ces groupes, et non seulement ils les feront probablement payer cher ce travail, mais ils garderont certaines pièces secrètement comme arme de chantage future contre ces concurrents]. Scientologue depuis 25 ans, O'Meara considère l'ancien CAN comme un ramassis de semeurs de haine, "faisant règner la terreur", et ne cache guère son sourire à l'idée que des groupes visés par l'ancien CAN puissent user de ces matériaux pour entreprendre leurs poursuites en justice, ou même, des procès au criminel.

Le principal lieutenant du gourou déjà emprisonné Tony Alamo, - flamboyant prècheur des rues qui combinait ses avertisssements messianiques à une business rentable qu'il effectuait en veste de cuir à sequins, a pris l'avion depuis l'Arkansas pour obtenir des copies des dossiers d'Alamo. "Les documents sont étonnants, dit O Meara: ils vont ouvrir pas mal d'yeux, et nous pensons qu'ils vont attirer passablement les médias." Bien sûr, ils sont gardés au secret... Questionnée plus précisément, elle renvoie les questions portant sur ces dossiers vers l'avocat scientologue Moxon, qui serait le responsable de ces fichiers après avoir été la clé de l'effondrement de l'ancien CAN. Mais lorsqu'on l'a approché, Moxon s'intéressait davantage à poser des questions sur notre article qu'à discuter du CAN. "J'ai lu des tas de choses merdiques [sur la scientologie] dans le New Times, nous a-t'il dit, avant de raccrocher le téléphone: je ne vous fais pas confiance."


(Résumé du passage non traduit: le scientologue a emporté l'affaire de saisie et vente aux enchères pour 20000 dollars]

For the old Cult Awareness Network, the end was swift.

Ben Hyink, who represented CAN in the bankruptcy, recalls the somber mood on that day in 1996 when he escorted Cynthia Kisser into a Chicago courtroom on what proved to be a fool's errand. Kisser had spent nine years at the helm of the organization, and, like the captain of a sinking ship, desperately wanted to cling to it for as long as possible. She had arrived naively hoping to buy the group's assets. Even more naively, she hoped that they wouldn't cost much. Even if successful, hers would have been a sad mission. The aim was to scoop up the trade name, post office box, help-line number, and service mark merely to retire them and thus put the beleaguered CAN out of its misery. But there was another suitor in the courtroom that day -- Steven Hayes, the Scientologist, who had come all the way from L.A. with different ideas. The bidding started at $10,000, and a nervous Kisser quickly offered $11,000. Hayes raised her $1,000. "I will bid $13,000," she said. "Fourteen," snapped Hayes. Kisser kept going -- to $19,000. But when Hayes upped her again, Kisser responded: "No more." The trustee conducting the sale asked if she'd like to take a break, and she said that would be fine. He told her that if she wanted to make another offer to come back within three minutes. But as Hyink recalls, the pause was pointless. Kisser could go no higher. "I will accept the offer of Mr. Hayes for $20,000," court records show the trustee proclaimed.

C'était fini.


Mais il avait fallu des années aux scientologues pour venir à bout du CAN. Depuis 1991, le CAN avait dû faire face à une cinquantaine de plaintes déposées par des scientologues devant des tribunaux d'états ou fédéraux, dans tout le pays. Mme Priscilla Coates, ancien chef de la section de Los Angeles, se souvient avoir reçu une demi-douzaine de plaintes en quinze jours, courant 92. "Ca devenait tellement habituel qu'on avait l'impression de connaître déjà les plaignants, dit-elle. Simultanément, les scientologues déposaient des douzaines de plaintes pour discriminaion devant les commissions de droits de l'homme, le tout exigeant une batterie d'avocats.

Bien que ce soient des scientologues individuels qui aient déposé les plaintes, la plupart parlait un language presque identique. Autre dénominateur commun: une bonne part avait passé par le cabinet de Moxon. Les plaintes étaient de deux sortes: soit on leur avait refusé de devenir membre d'un CAN local, ou bien on les avait refusés à la conférence annuelle du CAN. "Il aurait fallu être idiot pour ne pas constater l'orchestration de l'ensemble", dit Dan Leipold, l'avocat de Santa Anna ayant défendu le CAN dans trois douzaines de plaintes, et qui a souvent pris à partie la scientologie. Ses dossiers contenaient des tas de lettres écrites par des scientologues au CAN, demandant à faire partie de l'association. Dans nombre d'entre elles, le language est quasi identique, comme si on les avait pondues à partir d'un modèle. L'étendue de la conspiration devint claire, dit Leipold, lorsqu'il commença à faire déposer les plaignants individuellement et qu'il découvrit que certains n'avaient même pas demandé à faire partie du CAN avant leur plainte. D'autres, dit-il, ignoraient qui payait leurs avocats ou comment ces avocats avaient été sélectionnés. Pour Coates, la campagne de lettres ne faisait pas mystère: "Rien de spontané ici, les lettres commencèrent à arriver par sacs, toutes disant la même chose : pas besoin de sortir de St Cyr pour voir qu'ils nous étaient sur le dos". Bagley, l'ancien secrétaire d'Hubbard, le confirme. Après avoir été repoussé plusieurs fois par Kisser qui voulait discuter des "vieux mensonges fomentés par le CAN sur la scientologie", dit-il, il l'informa par téléphone qu'il voulait "entrer dans l'organisation afin de la réformer de l'intérieur".

Ce qui poussa précisément la scientologie à user de ses ressources considérables contre le petit groupe anti-sectaire - en dehors de la vieille haine des scientologues envers le CAN - reste affaire de spéculation; on ne peut toutefois s'en étonner. D'après les règles scientologues, les opposants sont classés parmi le gibier de potence (fair game) et peuvent être attaqués. Les enseignements hubbardiens décrivent bien l'importance de lancer des attaques en justice contre l'ennemi - bien que le but soit plutôt de décourager que de gagner. Par conséquent, les avocats engagés par l'église ont déposé des centaines de plaintes au cours des années. On trouve parmi eux des avocats de haute volée, comme le Président Gerald Chaleff de la commission de la Police de Los Angeles.

L'attaque du CAN ne pouvait être aidée par le numéro de Mai 91 du Time, "Scientologie, secte avide de pouvoir et d'argent". Cynthia Kisser y faisait quelques remarques très désobligeantes sur la scientologie: ses membres ne faisaient pas non plus mystère de leur mépris vis-à-vis de Kisser: on trouvait ainsi, dans un numéro de Freedom magazine - publication scientologue, le titre de la UNE: CAN: le serpent de la haine, de l'intolérance, de la violence et de la mort". On lisait ensuite que le CAN était un groupe de haine dans la tradition du KKK et des néo-nazis, Kisser y étant décrite comme "la mère du serpent". La même publication donnait une autre accusation: Cythia Kisser avait été "danseuse nue" dans un night-club de Tucson, Arizona - accusation estimée grotesque par Kisser. (Mme Kisser refusa plusieurs interviews avec le New Times; ses collègues disent qu'elle est se sent perosnnellement détruite par la disparition du CAN et ce qu'elle perçoit comme un harassement continuel de l'église à son encontre. Elle dit avoir tenté une nouvelle vie et s'est inscrite à une faculté de droit à Chicago.)


Le CAN arriva à continuer à fonctionner pour un temps en dépit des attaques scientologues. Mme Coates dit que le groupe recevait environ 20000 demandes d'information par an, et que la quantité ne changea guère après le début du tir de barrage légal. Mais le litige consommait de l'énergie "Il ne fallait pas tant d'expertise légale pour surpasser l'autre camp, dit Hynk, ancien avocat du CAN. C'était plutôt une guerre d'usure". En 1993, le CAN en était à 10000 dollars mensuels en frais de justice; Coates indique que cela aurait été bien plus si le travail n'avait pas été fait pro bono. Certains des avocats travaillant pour le CAN doutaient même d'être jamais payés et ne le furent pas. Mais un problème pire attendait: après que les assurances aient refusé d'assurer le risque accru, la base de donateurs s'amoindrit.


Mme Coates dit que les contributeurs répugnèrent peu à peu à contribuer à un groupe qui dépensait tant en frais de justice - ajoutant qu'elle comprenait leur point de vue. Les scientologues titillaient un point faible, là où l'effondrement pouvait démarrer. Le point crucial s'avéra être une plainte fort différente des autres: Jason Scott n'était pas scientologue, mais membre d'une église évangélique, lorsqu'il fut victime d'une tentative ratée de déprogrammation à 18 ans révolus. Les circonstances de ce cas ne furent pas discutées. Sa mère, Katherine Tonkin, deux fois remariée après la naissance de Jason et mère de six autres enfants, était rentrée à l'église du Tabernacle Vivant, petite unité pentecôtiste à Bellevue, état de Washington. Sa désillusion fut rapide par rapport aux enseignements de l'église, qui déclarait que la télé et les films étaient interdits et décourageait les femmes de porter jeans ou bijoux. Elle quitta l'église, mais Jason et ses deux frères de 16 et 13 ans choisirent d'y rester.

Ses inquiétudes augmentèrent en 1990, après que les deux aînés aient été pris dans une famille de deux des chefs de l'église, et que son cadet soit reparti vivre chez sa grand-mère. Ne sachant que faire, Mme Tonkin appela une ligne de secours et obtint le numéro de Shirley Landa, bénévole du CAN, qui lui communiqua le numéro de Rick Ross, expert en sectes basé à Phoenix qui avait pratiqué des quantités de déprogrammations. En décembre 1990, il partit sur Seattle, déprogramma les deux cadets, mais Jason fut plus difficile. Il témoignera ensuite que le jour où il fut kidnappé, menotté et poussé dans un break par les trois personnes assistant Ross, il leur cria qu'ils n'avaient aucun droit de faire ce qu'ils faisaient; le témoignage dit qu'ils le baillonèrent et l'emmenèrent sur la plancher du break à quatre heures de là, dans une maison isolée de la côte de Washington. Cinq jours durant, Ross et les autres forcèrent Scott à regarder des vidéos sur des sectes et tentèrent de le faire renoncer à son église; il accepta de leur dire ce qu'ils attendaient. Mais le soir, au repas de "célébration" prévu, il quitta la table et appela la police.


Coates et les autres continuent à dire ce qu'ils ont alors dit: que le groupe CAN n'était en accord qu'avec des moyens légaux pour faire quitter les sectes, et qu'il n'aurait pas accepté sciemment une déprogrammation forcée. Cette affirmation amène pas mal de doutes chez certains: "Je crois que l'ancien CAN a fait pas mal de tort en coopérant ou en expédiant des gens chez ces déprogrammeurs.", dit Newton Maloney, du Séminaire Théologique de Pasadena. Maloney, psychologue clinicien et ministre méthodiste, pense que le nouveau CAN fait oeuvre positive en tentant de réconcilier les familles avec leurs membres ayant rejoint des groupes qu'elles n'acceptent pas. Il dit que son point de vue neutre sur le nouveau CAN à la couleur scientologique lui a valu d'être catalogué comme apologiste des sectes dans le mouvement anti-sectaire. (L'église de scientologie, en partie poussée par Maloney, a financé une conférence sur la tolérance religieuse à Fuller au début dee l'année, à laquelle le président scientologue Heber Jentzsch assistait). D'autres vont plus loin encore dans leur sympathie pour le nouveau CAN. Dans un témoignage sous serment publicisé par la scientologie, Lowell Stryker, conseiller des familles et ministre de l'église Unie du Christ - Caroline du Nord, affirme que 80 % de toutes les déprogrammations dont il a eu connaissance partaient de l'ancien quartier général du CAN ou de ses satellites. Sa déclaration a été réimprimée par l'église de scientologie dans un manuel intitulé: "The Cult Awareness Network: Anatomy of a Hate Group"


Le facteur critique de détermination de l'enlèvement de Jason Scott fut son âge. Eût-il été mineur comme ses frères, l'incident serait passé quasi inaperçu. Et bien que le lien soit maigre entre le CAN et le déprogrammeur, c'est bien une bénévole du CAN qui communiqua l'adresse de Rick Ross à la mère de Jason. Ross dût faire face aux accusations de kidnapping, mais lorsque Tonkin admit sa responsabilité dans l'engagement de Ross, il fut évident qu'il n'y aurait pas de condamnation. Rares sont les jurés qui jetteraient la pierre à une mère désirant faire ressortir son fils adolescent d'une secte suspecte, même si l'un d'eux est majeur. Mais il se passa autre chose de capital durant le procès criminel.

Un avocat de Los Angeles appela Jason Scott pour discuter d'un procès au civil contre le CAN. Cet avocat était Marcello di Mauro, collègue de Kendrick Moxon. Peu après, selon les déclarations de Scott, di Mauro venait à Seattle, emmenait Scott dîner, et lui parlait des millions de dollars potentiels qu'une plainte au civil pourrait apporter. Scott ne rencontrera Moxon - qui plaida sa cause - que des mois plus tard, mais il avait pris sa décision. Dès que Rick Ross eût été acquitté des charges de kidnapping pesant sur lui, un avocat scientologue déposa une plainte qui serait le coup de grâce pour le CAN.

L'avocat de la défense du CAN au civil, Mary Steele, acquit rapidement la conviction que la scientologie était derrière le cas Scott et en conclut qu'il serait crucial qu'un jury apprenne les inimitiés anciennes entre CAN et scientologie. Mais à la veille du procès, le Juge de cour de district John Coughenour surpenait la défense en lui interdisant de présenter des preuves concernant la scientologie. En termes tactiques, c'était le raté complet. Le CAN ne pouvait s'offrir de témoins experts, ni même payer le voyage de quelques membres pour témoigner, nous apprend Coates. Pendant ce temps, Moxon et son équipe s'offraient un apologiste des sectes nommé Anson Shupe de l'université de l'Indiana, déjà plusieurs fois expert dans des procès impliquant la scientologie. Il dit au jury avoir passé des années à étudier le CAN et avoir conclu qu'il avait un passé d'attaque des groupes religieux non conventionnels. Le CAN était si bas financièrement qu'il ne put même pas payer l'avocat de la défense. Quand on lui demande si c'est les fonds qui posèrent le problème, Steele répond ne pouvoir décrire à quel point c'était vrai.

En fin de compte, un jury accorda 1,8 million de dollars contre le CAN et 3,4 contre Ross. Mais Scott ne verra qu'une infime portion de ces sommes: il ne reste plus rien à tirer du CAN. Une fois Scott et Moxon repartis, Scott vendra son jugement à Beeny pour 25000 dollars. Dans les heures qui suivront la transaction, Scott prendra un nouvel avocat, l'anti-sectaire de Los Angeles : Graham Berry. Celui-ci raconte avoir reçu de Moxon un appel pour son nouveau client: Beeny. L'intérêt de Moxon était pour le jugement de Jason, et non pour négocier un quelconque compromis de paiment, dira Berry. C'était d'acculer le CAN à la fallite et d'en saisir les biens pour le compte de la scientologie. Lorsqu'on prit à nouveau contact avec Moxon au Time, pour lui demander son appréciation sur l'avis exprimé par Me Graham Berry, Moxon le qualifia de bagarreur anti-scientologue, indiquant que le mois passé, un juge supérieur de Los Angeles l'avait qualifié de "contestataire vexatoire" [vexatious litigant en anglais, ndt] dans une autre affaire liée à l'église. "Le CAN était un groupe de semeurs de haine", dit Moxon. "Il kidnappait, et dénigrait des croyances de minorités religieuses. Le nouveau CAN n'est pas comme ça: il promeut le dialogue inter-religions.

Pendant ce temps, Jason acceptait 5000 dollars de Ross en échange du jugement. D'après sa mère, ces hommes sont désormais amis. Scott, qui a maintenant 27 ans, vit en Arizona et se considère désormais comme un jouet ayant servi à la scientologie pour détruire le CAN. Sa mère dit "on lui a lavé le cerveau deux fois de suite: d'abord dans la secte où il était, puis ce sont Moxon et les scientologues qui s'en sont servi pour abattre le CAN." Elle ajoute que si son fils ne nous reçoit pas, c'est qu'il aimerait oublier tout ce qui s'est passé.



Même si George Robertson n'a réellement pas entendu parler de la scientologie, il a de bonnes raisons d'en vouloir à l'ancien CAN.

Associé de 58 ans au réverend Carl H. Stevens Junior, fondateur d'une secte désormais disparue "La Bible Parle" (The Bible Speaks), Robertson avait été affilié à un groupe que le CAN a continuellement déclaré dangereux. Stevens, chauffeur-livreur de boulangerie prétendant que toutes ses élucubrations étaient parole de Dieu, avait déménagé le QG de La Bible Parle du Maine à Lenox, Massachussets, en fin des années 1970. Robertson établit son ministère affilié à celui de Stevens en Floride. Un ancien "diacre" de la Bible Parle raconte que Robertson était toujours accroché aux basques de Carl Stevens, qu'il sagissait d'un de ces gars ayant toujours besoin d'être à la droite du Roi, de sentir l'arôme de la Couronne."

Les ennuis de la Bible Parle commencèrent lorsque Betsy Dovydenas, héritière du Grand magasin Dayton-Hudson, arriva. Elle entra dans l'église de Stevens en 1982 et fut rapidement convaincvue de quitter son mari, et de donner à la Bible Parle 6,6 millions de dollars d'un patrimoine estimé à 20 millions. Stevens, brusquement riche, s'installa dans un campus boisé de 85 acres (35 ha) en lisière de la ville, avec station de radio, studios de télévision, centre de réunion, et nouvelle maison pour les maîtres des lieux. En 1986 les Dovydenas parvinrent à garder assez longtemps près d'eux Mme Dovydenas pour qu'un déprogrammeur ait le temps de la convaincre qu'elle avait été hypnotisée. L'année suivante, elle poursuivit la Bible Parle en justice afin qu'on la rembourse, disant avoir été sous influence. Le procès traîna jusqu'en Cour Suprème des Etats-Unis où elle finit par le remporter - mais le jugement n'avait plus de valeur: quoique les Stevens se soient installés dans un bel appartement de Floride, la Bible Parle avait fait faillite. L'héritière se retrouva avec un éléphant rose: l'ancien campus de la secte. A 47 ans, elle se souvient: "J'ai eu le cerveau lavé; elle parle de Stevens comme d'une prédicateur sans envergure, ajoutant qu'elle trouve incompréhensible que qui que ce soit de la hiérarchie du groupe puisse avoir eu des motivations sincères".


La controverse n'arrèta pas la carrière de Stevens, ni l'affiliation de Robertson envers lui. Stevens ferma l'opération en cours à Lenox et déménagea à Baltimore. Robertson y était parti d'avance pour ouvrir une église qui jouerait ensuite un rôle clé dans la survie de son mentor en tant que figure religieuse. Stevens se servit de l'église établie par Robertson comme tremplin, y établissant l'église de la "Grandissime Grâce du Monde" (Greater Grace World Outreach). En 1987, l'église achetait un centre commercial abandonné comme QG et campus de l'église affiliée "Maryland college of the Bible and Seminary". Robertson est le vice-président de l'école. Quantité d'anciens de La Bible Parle avaient suivi Stevens à Baltimore et d'autres du collège biblique de Lenox avaient passé dans l'école (non-accréditée) du Maryland. Stevens installa boutique ailleurs, prétendant que La Bible Parle n'avait jamais existé, nous raconta Doris Quelet, alors active à la section de CAN à Baltimore. "La nouvelle installation leur permit de mettre leurs biens à l'abri du jugement Dovydenas. Bien que n'ayant pas piégé de nouvelle héritière, le pastorat de Stevens fit son chemin parmi des athlètes aisés: on constate ainsi que le Rd John Love, subordonné de Robertson, a beaucoup amélioré l'image des Knicks New-Yorkais du NBA connu comme "la belle équipe" où la partie se poursuivait... par des exhortations à la prière depuis le centre du terrain...

L'ancien CAN et ses supporters continuèrent donc à tourmenter Stevens et Robertson après leur déménagement à Maryland. Ils accusaient Stevens d'avoir acheté son diplôme de doctor en divinité d'un imprimeur du Tenessee. "Ses certificats ne valent pas le papier sur lequel ils osnt imprimés, " raconte David Clark, conseiller ayant aidé les Dovydenas à faire sortir Betsy. Clark indique qu'un de ses collègues a même pu obtenir un tel diplôme, mais... pour son chien! Un enquèteur privé alla même en Georgie observer le séminaire où Robertson était supposé avoir obtenu son diplôme et trouva une façade dont l'aspect montrait qu'elle était abandonnée depuis des années. Quand on lui a posé la question, Robertson a dit qu'il s'agissait "d'un séminaire biblique plutôt petit, une cinquantaine d'étudiants, qui aurait été avalé par un autre séminaire lequel aurait été à son tour absorbé par un troisième." Bien qu'il se dise baptiste, Robertson n'a été ordonné par aucune organisation baptiste, et n'est associé à aucune d'elles; il rétorque "Je suis indépendant, je ne crois pas aux titres". Il décrit Grandissime Grâce, où il est pasteur, comme ayant "son orientation indépendante évangélique, reconnaissant les enseignements baptistes." Avec tout ça, Robertson possède les atouts parfaits pour être aux petits soins avec la scientologie comme anti-propagandiste du CAN.

Durant la douzaine d'années précédant la fin du CAN original, il parcourut le pays en l'attaquant. Il arrivait à ses séminaires sur les campus étudiants, mettait la pagaille dans les conventions du CAN, prenait ses officiels en filature et manifestait devant leurs domiciles au côté des scientologues. Il prétendait que la CAN était constitué surtout de juifs et de psychiatres professionnels opposés à une chrétienté organisée; un journal du New Jersey le cita un jour: "Tous les chrétiens sont des sectes pour les Juifs". Une autre fois, il qualifia le CAN de "KKK des religions". Patricia Ryan , la fille du député Léo Ryan assassiné par les séïdes de Jim Jones au Guyana, elle-même ancienne présidente du CAN, se souvient de Robertson au coeur d'une foule de scientologues manifestant devant chez elle au Maryland dans les années 80. D'autres disent qu'il fit du scandale dans un hôtel proche de l'aéroport de Los Angeles où des scientologues voulaient s'infiltrer dans une assemblée du CAN. "Ca devenait vraiment ridicule, dit Patricia Ryan; ils essayaient vraiment de suivre les gens dans les ascenseurs ou jusque dans leurs chambres pour les intimider." Une autre fois, il arriva à Oklahoma City avec un contingent de scientologues ayant loué des chambres dans l'hôtel de la convention du CAN, où, pense Coates, ils avaient placé des micros espions chez les participants. Une autre fois, lors de la visite de Cynthia Kisser et d'autres membres du CAN en Floride, Robertson se pointa même dans le bureau du journal où on l'interviewait. Ce jour-là, il escortait un scientologue demandant à être entendu.

Lors d'une cérémonie Hollywoodienne présidée par le président scientologue Jentzsch en 93 - où le chanteur sciento Isaac Hayes se produisit, l'église remit sa récompense de "Meilleur Défenseur des droits de l'Homme" à... Robertson. On y parlait de ses "succès dans la promotion de la tolérance religieuse, des droits de l'homme, et son oeuvre d'opposition à l'acte de déprogrammation violente, ou à d'autres crimes de haine envers la religion". Robertson se hérisse lorsque Coates ou d'autres lui suggèrent qu'il n'est qu'un laquais des scientologues:

"Mon affaire, c'est simplement la liberté religieuse, dit-il; le nouveau CAN est totalement indépendant de l'église de scientologie."




Le nouveau CAN est pourtant géré par des scientologues, pour la scientologie.

Ses deux représentants les plus visibles lors des opérations courantes sont Bagley et O'Meara, tous deux scientologues. Robertson indique que le comité des cinq directeurs se réunit quatre fois l'an par téléphonie et qu'il se rencontre une fois l'an physiquement. Mais si on lui demande qui sont les autres membres du conseil à part lui et O'Meara, il dit n'en rien savoir et renvoie vers elle. Durant un entretien, elle a communiqué un ensemble de matériaux parlant du CAN, disant qu'on y trouvait les noms des dirgeants: mais ils ne s'y trouvaient pas. Par contre, on y lisait d'autres infos dénigrant l'ancien CAN. Bien que ni O'Meara ni Bagley ne l'aient confirmé, l'homme qui détenait la présidence du CAN en 1997 - d'après le Washington Times - était un autre scientologue, Isadore Chait, homme d'affaires de Westside. Lors d'un autre entretien, le directeur exécutif Bagley prétendait ne pas savoir qui étaient les autres membres du conseil à part Robertson et O'Meara. Il disait penser qu'un autre était un scientologue du Minnesota et un dernier, un bouddhiste de New-York, qu'il ne put nommer. Au second entretien avec George Robertson, celui-ci dit ne pas même savoir que Bagley était directeur éxécutif, et nous demanda "Qui vous a dit ça?". Une fois informé que Bagley et O'Meara avaient confirmé le fait, un Robertson nerveux nous répondit "Bon, eh bien on verra."

Energique femme dans la quarantaine, O'Meara explique la nouvelle mission du CAN: il s'agit d'aider à dissiper la peur et l'incompréhension quant aux groupes religieux non conventionnels. "Si quelqu'un nous appelle à propos de scientologie, et ça arrive - nous leur disons tout de suite "Bon, ne soyez pas bouleversés, car je suis scientologue; il faut que nous parlions." Elle préside un bureau d'une pièce au 4e étage du Taft Office, au coin du plus légendaire croisement sud-est de Los Angeles, Hollywood et Vine. La pièce est quasi nue, sauf quelques tables, quelques téléphones, un ordinateur et un fax. Une carte au mur donne des indications sur les endroits où l'on peut trouver des universitaires et autres experts vers qui O'Meara et l'équipe dirigent les appels de ceux qui ont besoin d'informations supplémentaires. La liste est un véritable Who's who de ce que les anti-sectaires appelent les apologistes: Maloney, Shupe, J. Gordon Melton de l'univ. se Santa Barbara et une douzaine d'autres, dont le très "CAN" Robertson en personne. Si on l'écoute, on a l'impression que O'Meara n'a jamais rencontré une secte qu'elle n'aimerait pas. Le nouveau CAN fait très attention à ne pas utiliser le mot sectes: "c'est un terme péjoratif ayant perdu toute signification", dit-elle.

Cette vision paraît incongrue dans un groupe dont le nom après tout, demeure "Réseau de Prise de Conscience sur les Sectes" Mais la raison stratégique existe: c'est une marque de service, nous explique O'Meara :"Nous nous en servons uniquement pour revenir dans le domaine public". (Ou bien, comme suggérait Priscilla Coates, pour empècher quelqu'un associé à l'ancien CAN vaincu de s'en servir). On sera supris de constater que, parmi ceux qui trouvent que le nom ne convient plus au CAN actuel, il y ait Robertson. Il admet qu'en devenant - au moins ostensiblement - le plus haut dirgeant du CAN, il avait demandé le changement au profit du nom de la fondation mère - Fondation pour la Liberté de Religion - mais avoue avoir été vaincu. Il ne nous répondra pas par qui.

Aucun détail ne paraît insignifiant à ceux qui tiennent les rènes du nouveau CAN pour rendre misérable l'existence des critiques de l'église . Une fois Coates et son mari réinstallés à New York, elle dit avoir "fait l'objet d'enquètes sans fin", par des gens dont elle est convaincue qu'ils étaient engagés par la scientologie, qui discutaient avec ses voisins, et la filèrent même un temps. Plus vicieux: dès que Coates eût quitté Glendale où elle logeait auparavant, le nouveau CAN appela la compagnie du téléphone pour demander l'ancien numéro des Coates. Lorsque le New Times appela ce numéro, c'est le scientologue Bagley qui répondit " Cult Awareness Network". Bien que révoltée à l'idée que des scientologues répondent à des appels de clients de bonne foi, Coates se rend compte qu'elle ne peut plus rien y faire.

"C'est tragique", dit-elle, mais nous trouvons du récopnfort à l'idée que la réalité du nouveau CAN commence à être connue.

O'Meara insiste lourdement sur le fait que l'église n'a joué aucun rôle dans la chute de l'ancien groupe. "La scientologie n'a pas détruit le CAN, c'est lui qui s'est démoli à force de négliger les droits des autres". Stacy Brooks Young, ex-épouse du bras droit d'Hubbard Robert Vaughn Young, explose à cette idée: ancienne cadre de l'office du gardien qui devint Office des Opérations Spéciales (OSA), Brooks dit avoir elle-même dirigé une mission destinée à détruire les activités anti-sectaires, celles de Coates en particulier. Elle raconte avoir fait des réunions hebdomadaires pour mener la guerre au CAN, et dit: "On a harrassé Priscilla de toutes les façons possibles". Les Young sont désormais les amis de Coates, ayant été parmi les premiers scientologues de si haut rang à avoir quitté l'église en 1991.


Mais la victoire a son butin. La scientologie ne se gène pas pour utiliser le CAN pour promouvoir les enseignements d'Hubbard. Parmi les premières publications portant son imprimatur, on trouve "Faits contre Fiction, Histoire vraie de la scientologie." La revanche scientologue.


Note du traducteur: particulièrement intéressant est le fait que le "pasteur" Louis Demeo de "l'institut théologique de Nîmes" , qui est une des trois seules personnes entendues par les américains de l'OSCE lors de leur audition portant sur les "religions", est membre français apparenté de... l'église de la Grandissime Grâce. Il assista l'avocat Introvigne et le "docteur" Willy Fautré dans l'opération de séduction et de désinformation des autorités américaines.


A report is being prepared on the destruction and takeover of CAN (Cult
awareness Network) by the Church of Scientology. An important part of this
report will be information on scientologists who were involved in the
harassment of CAN and criminal harassment actions against CAN, CAN staff
members and CAN supporters. Some of the scientologists involved in this were
staff members and some were scientology members who were recruited for covert
actions against CAN.

It is known who most of them are and where they are. Pictures of some of them
are needed. Anybody who can provide pictures of these individuals please
contact me offline, by email. Here are their names and some basic info on
them.

Mary Anne Ahmad: A staff scientologist at the Chicago Org. Ahmad was involved
in a number of harassing actions against CAN and was involved with Greg Bashaw
in a criminal attempt to grab CAN mail following the Bankrupcy. She tried to
set up a CAN staff member on a phony hate mail charge. She is believed to be
involved in setting up the CAN spy Jolie Steckart with the name and identity of
a friend of another staff member, Carla Nelson. Ahmad lives in Carol Stream, IL

Carla Nelson: A staff Scientologist at the Chicago Org. It is believed that
Nelson along with her boyfriend, Peter Arena, set up the scheme to infiltrate
CAN with Jolie Steckart. Nelson set up Steckart with the name and identity of
a friend outside of scientology, a Laura T......, who had gotten married and
changed her name. Steckart was taken to a CAN convention and introduced to a
CAN cupporter. Steckart, an actress, was set up with a story as a cult
survivor who needed help and was taken to the home of the CAn supporter by
Peter Arena. Steckart soon offered to work as an unpaid volunteer. Once she
gained the confidence of the CAN staff she began passing internal CAN
information to a network of scientology agents who reported to scientology
in-house lawyer, Kendrick Moxon. Two of the covert agents that Steckart
reported to by cell phone were Karlos Munos and David Lee. Others she is
believed to have passed CAN information to were Chicago area scientologists,
Greg Bashaw, Ian Mann, Randy Kretchmar. Stealing a persons name and identity
for criminal purposes is a crime and Nelson and others involved with this may
be prosecuted.

Randy Kretchmar: Kretchmar is reported to be an OSA ( Office of Special
Affairs) agent for the Chicago area. He poses as a legal researcher and is
supported by his wife, Cheryl Berman who is the head of the Creative Division
of the Leo Burnett Co. A well known advertising agency in Chicago. Kretchmar
was named in the Scarff Declaration as an accomplice in a bizarre scientology
plot to murder Cynthia Kisser, the Executive Director of CAN. He is believed
to have been part of the surveillance team that mapped out Kisser's route to
work. Kretchmar and Berman live in Wilmette, Il

Ian Mann: A Chicago rock drummer who was involved in the harassment of CAN and
CAN staff. Jolie Steckart, the CAN spy, passed on personal information about
Cynthia Kisser and her family to Mann. Mann's main job seemed to be that of
stalking Cynthia Kisser. He showed up at her many court appearances He is
married to a Chicago staff member, Rita Lee.

Jean Hornnes: Hornnes lives in Eagan, Mn a suburb of St. Paul and her
involvement in harassment actions against CAN paid off for her. She is now the
Vice President of the New CAN. Chicago scientologist, Ian Mann spent a lot of
his time at her home. Her internet service was used to put out harassment
materials and postings against CAN.

Andrew Bagley: Heavily involved in harassing CAN and notorius for the
threatening letter that he sent to the father of a scientologist who wanted his
money back. Bagley's harassment activities paid off for him...he is now the
Director of the 'New CAN'. We need information on where he is.

Alan Brooks: Involved in harassing CAN and works within the Management front
scam...he gets jobs 'managing or accounting for dentists offices. He and his
wife, Carol, live in Chicago.

Glen Barton: Barton was in the Chicago area for awhile involved in CAN
harassment. Not sure how long he was in this area.

Greg Bashaw: Bashaw lives in ritzy Barrington Hills, Il, just a few miles
from the CAN office. He operates a covert scientology operation out of his home
called the "Anti DeProgramming League." He tried a number of times to get into
the closed CAN office. Because of serious harassment, CAN maintained a closed
office and was contacted by the public by phone or mail. Bashaw made a brazen
and illegal effort to seize CAN mail at CAN's diversionary mail drop. He sent
out a DA pack on a CAN staff member to confidential names and addresses from
the CAN Files. We now know that he got those names and addresses from Jolie
Steckart, the CAN spy. Bashaw was on Cheryl Bermans staff at the Leo Burnett
Co. and worked on TV commercials for Hallmark and others. Much of his time was
spent out of the Burnett office in harassment actions against CAN. It was not
known until after CAN closed that Bashaw was employed at Leo Burnett. Greg
Bashaw is now the Manager of the Creative Division of the Foote, Cone & Belding
advertising agency in Chicago. It is believed that the CAN spy, Jolie Steckart
aka Laura T..... stayed at times at Bashaw's home while she was working as a
Trusted volunteer in the CAN office.

Karlos Munos: A covert scientology operative who was one of the CAN spy's
connections for receiving CAN information.

David Lee; Same as above.

Kendrick Moxon: the scientology in-house lawyer who set up the bogus Jason
Scott case and directed the harassment, destruction and takeover of CAN. He
operates out of scientology's headquarters in Los Angeles.

Pictures and any other information on these individuals is wanted for the CAN
report. Parts of this report will be made available to the public and will be
posted on the ARS.

Pictures and info that is needed on others will be listed in another post.

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