Le scientologue espion se fait coffrer en Allemagne pour avoir conduit dangereusement



 

Frankfurter Rundschau
26 Mai 2004
JÖRG SCHINDLER (BRANDENBURG)


Scène surnaturelle au matin du 19 ajnvier 2003, dans la province brandebourgeoise. C'est ce jour-là que le Révérend Thomas Gandow, son épouse et l'ancien membre de la scientologie Gerry Armstrong partaient officier à Berlin, où ils devaient discuter du "mauvais usage de la religion". Bien avant leur départ, ils avaient observé une Opel grise dont l'occupant regardait dans la direction de la maison de la famille du pasteur.

Ce n'était pas la première fois que M. et Mme Gandow subissaient ces regards indiscrets. Depuis que l'ex-scientologue Gerry Armstrong s'était engagé des années auparavant dans une bizarre forme de guerilla contre la secte et qu'il avait déménagé chez les Gandow, des choses étranges se succédaient. Des inconnus prenaient de sphotos, distribuaient des pamphlets diffamatoires, et posaient d'étranges questions aux voisins. Ce matin-là, les Gandow et leur invité canadien prirent la route de Berlin. Ils furent choqués de ce qui arriva.

A peine sur l'autoroute, ainsi qu'ils le déclarèrent aujourd'hui au tribunal du Brandenburg, le conducteur de l'Opel s'approcha dangereusement de leur véhicule. Il conduisait côte à côte, prenant des photos d'eux, puis passa devant et freina brutalement. Armstrong, qui avait d'abord pensé que l'objectif était un canon de révolver, fut très choqué, expliqua le témoin. La manouevre du véhicule se répétant, les Gandow demandèrent de l'aide à une patrouille d'autoroute. Les policiers mirent un terme au cauchemar, escortant les voyageurs jusqu'à Berlin.

L'inculpé, M. Mirko O., n'a pas vraiment contesté le témoignage. Cet agent immobilier berlinois prenait des photos officiellement, en tant qu'agent du "département judiciaire de la scientologie." Les photos devaient être transmises aux avocats américains "impliqués contre M. Armstrong". Le défenseur nia néanmoins avoir fait courir des risques, l'incident n'ayant finalement fait que des dégâts relatifs.

Son interprétation ne paraît néanmoins pas avoir été partagée par l'association scientologue qui l'avait engagé. Immédiatement après l'incident, la scientologie déclara qu'il avait outrepassé la demande et qu'il était responsable par rapport aux "policies, aux règles internes de l'église". Le tribunal a été aimable: les poursuites sont suspendues, M. Mirko O. ne récoltant qu'une amende de 1000 euros.

S'agissait-t-il pourtant d'une erreur de conduite? Pas vraiment, pense le Révérend Gandow, commissaire aux sectes de l'église évangélique de Berlin-Brandenburg. Il considère en effet cet incident comme un indice supplémentaire du fait que les scientologues ne se croient pas "tenus de respecter les lois", et qu'ils utilisent n'importe quelle méthode pour faire peur aux critiques. C'est pour cela qu'il expliquait à Franfürter Rundschau que ce serait une erreur fatale de la part de l'Office de Protection de la Constitution de ne plus surveiller la scientologie.

L'Office Fédéral est d'opinion similaire. Le dernier rapport annuel explique que la scientologie continue à poursuivre des buts anti-constitutionnels et qu'elle envisage de remplacer le système parlementaire par les méthodes scientologues. Il estime donc qu'il n'y a donc pas de raison d'interrompre sa surveillance de la scientologie, qui date de 1997.