Texte modifié et augmenté
en mars 2002, en caractères
verts
Avant-propos
La Scientologie cherche depuis des décennies à obtenir
un brevet de respectabilité religieux. Si elle y est parvenue
partiellement aux USA en obtenant l’exemption d’impôts du fisc
américain, cette reconnaissance est extrèmement controversée
presque partout ailleurs dans le monde, à part en Suède
(où la reconnaissance a un caractère
administratif), en Australie et en Inde, ainsi qu'en Afrique du Sud
- après l'apartheid.
Divers essais, documents d’experts officiels, émanant souvent
de commissions gouvernementales, ont exposé les motifs pour
lesquels la secte ne devrait pas être considérée
comme une religion, mais comme une affaire commerciale.
Ce qui suit s’attaque à cette question " la scientologie
mérite-t’elle la qualification religieuse ? ",
sous un angle original, pas abordé au cours des essais précédents.
[On pourrait ici se poser une
seconde question fondamentale : la scientologie est-elle une
secte ? (cult, en anglais). Au sens moderne du terme, la réponse
serait oui ; mais au sens ancien, de
dissidence d’une autre religion,
on peut répondre par non. Au sens anglais de cult, correspondant à culte en français, la
distinction est plus nette encore : il n’existe aucune forme
de révérence envers
Dieu ou des dieux , ni envers des saints.]
Origines de la Scientologie
La Dianétique est l'origine de la Scientologie; elle est reconnue
par tous, scientologues ou non.
Ses techniques sont si complètement parralèles et similaires
à celles de la dianétique qu'elles en deviennent conceptuellement
indiscernables techniquement l’une de l’autre à moins
de connaître les qualificatifs fournis par la secte elle-même.
Il est impossible de savoir pourquoi certaines parties seraient scientologiques
plutôt que dianétiques, car elles s'adressent aux mêmes
problèmes humains.
- Un seul exemple devrait suffire: la procédure
de purification, supposée règler
à des problèmes de toxines, drogues et médicaments
accumulés dans l’organisme, est qualifiée de scientologique, alors qu'elle ne comprend aucune "audition"
- donc aucun procédé à
caractère mental. Elle ne passe que par des procédés
physiques (sauna,
sport et régime vitaminé), tandis que la procédure
"d'audition" portant aussi sur les drogues et médicaments
s'appelle Procédure sur les drogues en dianétique
de l'ère nouvelle dans sa partie
inférieure,
et Procédure sur les drogues en
Dianétique de l'Ere Nouvelle pour les OTs, dans
la partie secrète des niveaux dits supérieurs.
-
Le mélange de genres ne permet pas de déterminer
ce qui est supposé spirituel (scientologique) - d’après
la secte - de ce qui ne le serait pas (dianétique), mieux
encore : les deux se combinent, au cours d’une même
séance d’audition et d’un instant à l’autre,
comme les " rudiments "
(scientologie) et le procédé " R3R "
(dianétique).
La Dianétique devenue scientologie tient à se faire
passer pour une religion aux USA, dès fin 1953.
On peut penser sans grand risque d’erreur que la cause réelle
a trait aux économies d’imposition, le régime US étant
particulièrement avantageux pour les églises et organes
de bienfaisance, puisqu’en plus de dispenser l’organisme lui-même
de diverses taxes, il permet aux donateurs de déduire l’ensemble
des donations reconnues à cet organisme de son revenu net –
tandis qu’en France, par comparaison, cette déduction à
des associations obtenant une reconnaissance un peu similaire est
fortement limitée.
Hubbard déclare donc l'église de scientologie en 1954
– on sait qu’il y a eu de longues discussions au sommet de la hiérarchie
du mouvement à l’époque, car il n’était
pas de l’avis de ses lieutenants et refusait cette qualification :
lui-même n’a jamais pris de titre religieux, ni arboré
d’habits ou de croix, réservant ces symboles à ses sujets,
comme on le verra ensuite.
Ce statut sans but lucratif sera révoqué en 1958, puis
rendu en 1993 dans des circonstances certainement contraires à
l'esprit de plusieurs jugements en Cour Suprème des Etats-Unis
et dans d'autres juridictions US - ou étrangères. Le
document secret particulièrement élaboré et étrange
de l’accord entre l’IRS et la secte a finalement pu être connu
par une indiscrétion dans la Presse en 1998.
- Texte disponible sur http://www.antisectes.net/irs_final.htm, en anglais seulement
Puis cette "église" entreprendra
une série d'efforts d'image et de publication sans précédent
dans l'histoire des religions et sectes, quelles qu'elles soient,
pour tenter d'acquérir de gré ou de force le statut
"religieux" et " charitable ".
C'est cet effort considérable que nous
allons ici mettre en lumière, car aucune religion n'avait
jamais éprouvé le besoin, avant cela, de prouver une
appartenance religieuse ou spiritualiste quelle qu'elle fut :
la plupart des autres groupes antérieurs "émanaient"
directement leur religiosité/spiritualité, tandis
que le commercialisme et les aspects pseudo-psychologiques évidents
de la scientologie transpirent dans la très large majorité
de ses écrits administratifs et coiffent amplement les rares
aspects éventuellement religieux discernables.
Efforts de publication "religieuse" de la scientologie, ainsi que
quelques détails touchant l'image.
Cérémonies de l'église fondatrice
La secte entame son mouvement de publications "religieuses"
par les Ceremonies of the Founding Church - "Cérémonies
de l'Eglise Fondatrice" dès 1959, donc immédiatement
après s’être fait reprendre son sattut sans but lucratif..
Cette brochure de 80 pages petit format au départ ne coûte
qu'une dizaine de F à produire, et permet d'installer une façade
de sacrements, contenant même un "christening"
(baptème), alors qu'Hubbard est fortement anti-chrétien
et anti-religieux dans les faits.
Quelques temps après, il ira jusqu'à singer le christianisme
en fabriquant des évèques, ministres, et même
un pape de la Scientologie.
- L'unique Pape scientologue, John Mc Master,
fut destitué par Hubbard peu après qu'il l'ait
unlilatéralement nommé; il quitta "l'église",
et mourut alcoolique et misérable en 1999.
Des habits pastoraux voient le jour, dont le port sera ensuite
obligatoire par au minimum un employé dans chaque
organisation scientologique (règle imposée en France
en 1981). Il s'agit d'habit noirs, col Mao blanc, croix scientologue
en pendentif. Cette règle sera très peu respectée
par les employés.
La secte exige aussi que les groupes scientologiques arborent des
noms religieux (église de scientologie de Lyon, par
exemple); les noms des Franchises typiquement sous contrat commerciaux
sont transformés en Missions de l'église de scientologie,
sans que les contrats soient revus sur le plan commercial ; le
service mondial des Franchises étant aussi rebaptisé
Scientology Missions Office Worldwide au lieu de Franchise
Office Worldwide.
Plus tard, en 1974, la secte produit et publie un "poème
oriental", Hymn of Asia, 1078 lignes pour quelques
250 pages, tentant de faire accroire à des sources bouddhistes
de la sciento. (voir mon livre La Secte pour diverses critiques).
C'est un livre luxueux. Hubbard tente ici de se faire passer pour
la réincarnation du Bouddah , selon la Légende
de Meitreya, écrite par un moine 5 siècles après
la mort du Bouddah.(Il mourut à 80 ans, expliquant qu’il atteignait
le Nirvaña, et non qu’il paraîtrait 25 siècles
plus tard) Phénomène particulier, cet ouvrage
vendu parfois 550 FF, n'est pratiquement pas référencé
depuis des années dans les innombrables listes publicitaires
d'ouvrages à commander aux librairies scientologiques*: il
doit gèner les prétentions religieuses, car Hubbard
y écrit qu'il ne vient pas en homme d'église, mais en
professeur**, en même temps qu'il se dit la réincarnation
de Gautama Siddharta Sakhyamuni, dit Bouddah.. (texte disponible en
anglais pour recherches, sur demande et par mail exclusivement, à :
gonnet@antisectes.net.
- * ces listes sont expédiées en
grande quantité aux membres du groupe.
**l’ouvrage n’est pas paginé. La citation
se trouve au tout début.
On s'intéressera à une particularité
tout à fait étonnante quant à ce document.
A l'origine, c'est un livre; mais comme il contient de toute évidence
des passages excessivement génants pour la secte et son image
pseudo-religieuse (voir
ici) puisqu'Hubbard y déclare ne
pas être un chef religieux, la nouvelle direction l'a retiré
de la vente sous cette forme trop facile à copier et l'a
ensuite converti en un CD Rom illustré, le texte y est récité.
-
Le Livre du Ministre Volontaire - refondu et augmenté
en un "Manuel de la scientologie"
En 1976, la scientologie publie The Volunteer Minister's Handbook,
le Livre du Ministre Volontaire.
Ce n'est qu'un compilation reliée de 650 pages grand format
- très différente des essais futurs - car l'ouvrage
ne contient que de la technique et des documents de technique administrative
scientologue, tirés de bulletins considérés plus
tard comme écrits sacrés, expression concoctée
par la nouvelle direction scientologique afin d’assurer ses prétentions
religieuses. Ces patrons choisirent d’ailleurs des termes aussi peu
conciliables que " Eglise de Technologie Spirituelle "
ou " Centre de Technologie Religieuse ".
On y trouve des cours précédés d'une
checksheet (feuille répertoriant les étapes d'un
cours) comme cela se pratique à l'intérieur de la secte.
L'ouvrage n’est pas distribué gratuitement aux journalistes
ou autres personnages importants pour l'image religieuse, comme les
scientologues le feront pour les suivants ; il répond
toutefois au même souci de présentation.
En plus d’ajouter un livre au crédit d’Hubbard (quoique ne
contenant que des bulletins tirés de dossiers de cours et d’autres
livres déjà publiés ailleurs, souvent à
plusieurs reprises), le titre et divers artifices insistent sur les
croix, les habits ministériels et le vocabulaire.
On pourrait l'estimer "religieux" puisqu’il se compose
essentiellement de ce que l’organisation mondiale nommera ensuite
ses écritures sacrées.
Mais le contenu démontre à profusion qu'il n'en
est rien : voisinent ici des techniques pour soigner les douleurs
physiques, des méthodes exclusivement pédagogiques,
un cours de communication, un cours pour apprendre à
pratiquer la réhabilitation des toxicomanes, un cours supposé
apprendre à manier l'environnement dangereux, un cours
destiné à apprendre à faire des investigations,
un cours de productivité (nommé Paquet à
propos des Cibles), un cours de Relations publiques, un
cours destiné à apprendre comment faire des sondages,
et quelques autres aux intentions apparemment plus "religieuses",
tels " le Cours de qualification de Ministre et des cérémonies ",
qui ne tient toutefois que 10 pages, tandis que le Cours sur les Enquètes
en exige 6 fois autant).
Nous sommes très loin de l'image pastorale communiquée
par le titre.
Curieusement, cet ouvrage a disparu, puis est réapparu sous
une forme augmentée (950 pages 700 photos; 800 FF environ),
plus luxueuse, sous le titre Le manuel de scientologie, qui,
dit la brochure, irait de pair avec le Qu'est-ce que la Scientologie.
N'ayant pas pu accéder pour l'instant au Manuel de scientologie,
j'ignore si les additions ou modifications concernent le type de déformations
et mensonges qu'on trouve dans le Qu'est-ce que la scientologie
?
Une fois de plus, cet ouvrage aurait été
modifié, après la catastrophe du World Trade Center.
Il est largement publicisé depuis dans les brochures scientologues
sur papier glacé, comme étant l'ouvrage qui répondrait
à toutes les questions: "Si vous ne trouvez pas la réponse
dans ce livre, la question n'existe pas".
Cette petite brochure sur papier bas de gamme constitue une publication
assez différente, quoique répondant au même but
que les précédents.
La secte qualifie Le Chemin du Bonheur de non religieux
ni scientologique, mais elle fait distribuer gratuitement cette
brochure par ses membres, (quoique la plupart du temps, ils aient
été poussés à l'acheter en quantité
pour la donner ainsi).
Le contenu prend toutefois la forme d'une litanie de règles
à respecter pour bien vivre*, et les références
aux religions et croyances abondent. Toutefois, la supercherie s'affirme,
car ce petit ouvrage moralisateur est complété à
l'intérieur de la secte par un cours et des " procédés "
majeurs nommés Le Chemin du Bonheur, services exclusivement
délivrés sous la bannière et la croix scientologique
et donc, supposés religieux.
- *[certaines des règles sont toutefois
très largement violées chaque jour par des scientologues,
par exemple, le fait d'honorer ses parents: la secte interdit
en effet à bon nombre des membres actifs d'avoir la moindre
communication avec leurs parents ou même, avec leurs enfants.]
-
- Après le massacre du WTC, la secte
a tenté d'obtenir des millions de dollars pour imprimer deux
millions d'exemplaires de ce document. Elle a ensuite tenté
d'obtenir d'autres fonds pour.... faire imprimer l'ouvrage en Farsi,
afin de la balancer dans les villes afghanes.
Qu'est-ce que la Scientologie
Ouvrage principal pour l'image de la secte, le célèbre
What is Scientology, en anglais, première version, déjà
très coûteux à produire, je crois me souvenir
que c’était en 1981.
Les versions suivantes, (1993 pour la v.f.) sont sur papier glacé,
grand format, 3 Kg, 860 pages grand format Elles seront traduites
en quatre langues au moins et se vendent environ 900 FF au public
scientologue. Il en existe depuis peu une version allégée
anglaise moins coûteuse, que la société des éditions
scientologiques a tenté d'imposer sans succès aux USA
dans les librairies non affiliées à la secte.
Mais Qu'est-ce que la Scientologie ne contient plus que 5 %
d'écritures sacrées.
La démonstration de religiosité s'appuie largement
sur des tableaux, des chiffres, des statistiques, des listes d'organisations,
des tentatives diverses de faire pénétrer le message
quasi subliminal: la scientologie est une religion! c'est une religion!
c'est une religion! - le mot religion et ses dérivés
étant utilisés un nombre incalculable de fois.
L'analyse sémantique prouverait que tout tourne autour de
quelques points clé pseudo-religieux.
Le plus surprenant pour un chercheur reste que la direction scientologue
ait essentiellement choisi, pour ces 5% de passages composés
d'écritures sacrées scientologues, les textes
hubbardiens les plus abscons possibles.
Les Axiomes et Logiques et les Pré-logiques
sont des textes en grande partie incompréhensibles au commun
des mortels sans l'aide d'autres documents scientologiques et d'une
assistance solide fournie par des scientologues déjà
formés. Les livres précédents étaient
en comparaison relativement compréhensibles, à condition
de posséder les 2 gros dictionnaires produits par la secte,
car le scientologais y abonde aussi.
- Note comparative : Si l'on compare ces
soi-disant axiomes aux textes religieux connus, du genre de
la Bible, du Coran ou de la Torah, on constate par exemple que
Dieu en est tout à fait absent et qu'aucune version d'une
histoire du monde, allégorique ou pas, ne peut s'en déduire
sauf à aller chercher fort loin.
Ici, les axiomes
ne sont pour la plus grande partie que des hypothèses
- souvent sans fondements, - ou des définitions hubbardiennes
non axiomatiques. De plus, la forme utilisés s’accorde
davantage à un texte " scientifique "
qu’à un texte religieux.
-
- Exemples: (31) "Tout
ce qui n'est pas directement observé a tendance à
persister"; (39):"La
vie pose des problèmes pour sa propre solution"
ou encore (26)"La réalité
est l'apparence de l'existence sur laquelle on s'est mis d'accord" ; ce dernier " axiome "
participe de la définition de réalité revue
par Hubbard [la réalité n'ayant évidemment
pas besoin d'accord quelconque pour exister en tant que telle;
mais Hubbard avait grand besoin de cette perversion de la défintion
de base pour assurer les bases d’une perversion de la compréhension.
[observation: la perversion de ce
terme important fait l’objet d’une étude à part.]
-
De l'interprétation de l'histoire de l'humanité
et de ses rapports au sacré, présente dans les grands
textes religieux, on saute dans " Axiomes et Logiques "
à une formulation pseudo-scientifique des règles qui
gouverneraient l'existence. Souvenons-nous que les axiomes sont
rarisssimes, ce qui n'empèche pas le grand homme d'en présenter
plus de 200 à lui seul.
Quelques codes n'ayant rien de spécifiquement religieux,
quoique dotés d'un air lointain avec les Dix Commandements
viennent compléter le peu de citations sacrées.
Ces codes sont ici appliqués à des fonctions
précises au sein d'une organisation scientologique ou d'une
société, et complèteront les 5% d' écritures
sacrées présentées dans l'ouvrage.
- Exemple: le Code d'un Excellent Administrateur.
Je n'entreprendrai pas ici la longue et difficile tâche
de relever chacun des innombrables mensonges, des approximations historiques,
des déductions hâtives, des chiffres sans preuves, des
inexactitudes scientifiques, ou des exemples de publicité mensongère
contenus ici: il y faudrait des années et un accès à
des documents conservés au secret par la scientologie.
- Un exemple: le chiffre annoncé page
X de " millions
de membres " peut être
raisonnablement estimé en l'an 2000 à quelques dizaines
de milliers, probablement 40000 membres relativement actifs; et
quelques 15000 débutants peut-être. Ailleurs, ils
disent 8 millions. N’en
déduisons pas pour autant pas qu’ils ne sont pas dangereux,
car leur dévotion et leurs moyens financiers sont énormes.
-
Scientologie, Théologie et pratique d'une religion contemporaine
Dernière étape des considérables efforts - représentant
des millions en dépense de prestige - entrepris par les scientologues
afin de faire passer leurs entreprises de services dépendant
de leur multinationale pour une religion: l'ouvrage Théologie
et pratique d'une religion contemporaine.
Les quelques 330 pages du livre luxueux, grand format relié
toile frappée au fer comprennent encore moins de textes sacrés
que le Qu’est-ce que la scientologie, en dépit
du titre annonciateur.
En guise de " textes sacrés ", on n’y
lit que le Crédo scientologue, version remâchée
de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
(révisée pour insister sur la spiritualité/religion),
puis les Facteurs et une partie scientologique des Axiomes.
C'est à dire que 5 pages, soit 2 % de cet ouvrage supposé
démontrer la religiosité et la théologie,
sont des textes déclarés sacrés . Intéressons-nous
à l’un d’entre eux :
- Le Credo qui figure nombre des ouvrages depuis longtemps a quelques
particulraités : premièrement, il dit " Nous,
de l’Eglise, croyons… ", la majuscule et le terme se répétant
au long du texte ainsi que l’article défini, indiquant qu’il
s’agit de la seule église. Puis nous lisons, "
nous de l’église, croyons que l’étude du mental et
la guérison de maladies d’origine mentale ne devrait pas
être séparée de la religion et tolérées
dans des domaines non religieux. " Sachant que la scientologie
estime que toute maladie et accident est d’origine " mentale ",
on peut en déduire qu’elle s’attribue ici d’un coup les domaines
relevant de la psychiatrie, de la médecine, de la psychologie
et des autres religions. Autre évidence, les grandes religions
sont souvent notées en minuscules, tandis que les sectes
similaires ont droit à une majuscule.
Ls 320 pages restantes incluent:
1. Du positionnement - "positioning"-, cette technique
publicitaire consistant à lier, dans l'esprit du chaland, les
savon, shampoing, parfum, rasoir ou belle voiture... à de belles
filles par exemple. Belles photos de nature ou de réunion*
scientologues dans une salle théatrale.
Il s'agit avant tout de refaire passer la nouvelle mouture de scientologie
= religion.
- *A noter: la photo de cette réunion, pages
236-237, contient de nombreux groupes clonés par informatique
afin d'obtenir une salle bien plus remplie qu'elle ne l'était.
2. Des "preuves" acquises auprès d'esprits "bienveillants"
- ou incapables de formuler une critique complète faute d'avoir
reçu les documents embarrassants de la secte: ce sont les divers
experts que voici:
- Bryan Wilson (UK), pages 111 - 145;
Frank K. Flinn (US), pages 147 - 161
Regis Dericquebourg (France), pages 149 - 175
M. Daroll Bryant (Canada) pages 177 - 191
Alejandro Frigerio (Argentine), 193 - 211
Urbano Alonso Galan (Italie), 213 - 223
Fumio Sawada (Japon), from 225 - 233
3. Comme pour Qu'est-ce que la Scientologie? et les autres
ouvrages, on trouve une liste des organisations scientologues. On
constatera qu'elle ne comprend que 376 noms dans 48 pays, alors que
l'ouvrage annonce en préface 3000 groupes, organisations
et groupes affiliés, dans 100 pays.
- Ces 376 noms sont souvent groupés aux
mêmes adresses, ce qui donne un total d'environ 300 adresses
d'organisations purement scientologues à but prétendu
religieux - autour desquelles tournent des associations
laïques de façade et des
entreprises commerciales
privées, souvent très petites, ces dernières
appartenant au réseau WISE
de la secte.
- On y retrouve aussi l'affirmation de huit
millions de membres, et son exagération de facteur + ou
- 200.
Cet ouvrage est de style nettement moins pompier que Qu'est-ce
que la Scientologie: le genre est plus soigné; ont disparu
les doubles pages vraiment ridicules représentant des "tableaux
de la vie d'Hubbard", montrant le grand homme donnant des "cours"
à des savants, ainsi que les photos mélant Hubbard,
le Christ, Léonard De Vinci, Einstein et autres célébrités;
toutes ces balourdises disparues laissent place aux textes laudateurs
des apologistes défenseurs de sectes précités.
On notera avec intérêt que l’essai de chaque expert
comprend une longue digression sur la définition même
du terme religion, avec des réponses fort différentes,
toutes douteuses, orientées, et toutes critiquables.
- On peut ici formuler une hypothèse à
propos de définition de religion. Définition
s’utilise pour déterminer les limites d’une chose ou
d’un phénomène. Religion
a trait au sacré, et dans la plupart des cas, à
l’infini,
si bien que tenter de définir religion aboutit nécessairement
à limiter ce qui n’aurait pas de limites, d’où
les mésententes entre experts quant à définir
le religieux.
- S’agissant ici de problèmes de société,
il paraît inutile de faire appel à cette notion
qu’on pourrait qualifier d’élargie, car religion
se comprend dès lors au sens social,
c’est à dire limité par les ambitions, pouvoirs
humains et règles applicables. La société
ou les sociétés réglant - par les lois
ou les accords du groupe – sur les ambitions ultimes de l’homme,
il serait vain de sortir du cadre social pour déterminer
si une idée est religieuse ou pas. Ce qui permet de trancher
se trouve donc dans les règles sociales.
Chacun des experts tente ensuite d’apporter une caution de religiosité
à la scientologie, se gardant bien de mettre en avant les preuves
contraires et les litiges innnombrables connus: on a ici l’évidence
d'une méthodologie non-scientifique*.
*au sujet de caractères scientifiques, voir:
http://www.antisectes.net/lit-jacobsen.htm#popper
** A propos de M. Fumio Sawada, du Shinto
Yiu Yitsu –dont il serait le huitième
détenteur des secrets – et en supposant que le texte soit convenablement
traduit du japonais, M. Sawada annonce " Gautama Siddharta le Bouddah aurait,
à l’heure de sa mort, prédit qu’un bouddah viendrait
finir son œuvre ". Mais cette
légende date de 5 siècles après son décès,
d’après une autre source compétente (Raphaël
Liogier).
De mon côté, je ne nierai pas quelques apparences religieuses,
d'autant que la religion empiète sur le domaine philosophique,
ce qui autorise dans l’absolu la scientologie à se prétendre
religieuse, aussi faut-il sans doute reprendre le cheminement du raisonnement
social, à moins de revenir aux temps reculés où
religion signifiait aussi bien pouvoir judiciaire que pouvoir exécutif :
nous serions alors contraints d’accepter de nouvelles guerres de religion,
telles que des groupes comme la scientologie ne manqueraient pas d’en
fomenter pour acquérir le pouvoir absolu. Hubbard considère
en plusieurs endroits que la scientologie déjà est en
guerre.
- " L’ennemi agissant dans les législatures
et la presse, nous n’avons pas d’autre choix que nous battre. "
annonce-t’il ainsi dans un ordre confidentiel à ses services
secrets (OSA NW N° 7, republication d’un mémo du 12
novembre 1968, Hubbard)
-
- Ce n’est là qu’un court exemple, le plus
célèbre est le bulletin Responsabilités des
dirigeants, où ses intentions de pouvoir et de conquète
sont portées à leur paroxysme (volumes 0 et 7 OEC,
Hubbard)
Pour ces experts, la scientologie est évidemment qualifiée
d'avance comme religion. Je tiens à la disposition de ceux
qui le demanderait les textes complets, en version française,
format Word zippé: demande
par mail exclusivement, pour recherches (l'ouvrage est protégé
par copyrights, sur lesquels la secte ne plaisante pas).
Aucune expertise un tant soit peu contraire ne venant compléter
celles du panel d'experts choisis par la scientologie, on peut déduire
que cet ouvrage ne prouve rien en matière de religiosité,
puisque divers autres experts, universitaires ou anciens membres très
au fait de l'historique et des théories de la secte ont travaillé
le sujet et réussi à prouver la non-religiosité
scientologue, le présent texte n'étant qu'un des angles
d'approche non développés.
Enfin, au sommet de la pyramide publicitaro-religieuse scientologue,
le "livre de messe" de la secte: "LES ANTECEDENTS LE
MINISTERE LES CEREMONIES & LES SERMONS DE LA RELIGION DE SCIENTOLOGIE".
Analysons rapidement ce document de 1035 pages paru en 16 langues
en 1999-2000, donc le dernier des gros ouvrages scientologues, et
aussi le plus gros de tous. C'est un ouvrage relié de 35x25x5
cms, 4 kg, relié, embossé, exitant en versions reliée
simili et reliée cuir.
Première évidence, il correspond en tout point à
une réaction "formelle" de la secte aux remarques
effectuées par la Charity Commission de Grande-Bretagne au
cours de l'année 1999. Celle-ci faisait observer que les pratiques
que la secte disait religieuses étaient en réalité
des pratiques psychologiques coûteuses réservées
à des individus en mesure de payer. La secte a donc immédiatement
réagi en faisant paraître cet énorme ouvrage,
bâclé en quelques mois, essentiellement fabriqué
de toutes pièces "compilé" en petite partie,
et "inventé" pour l'essentiel, c'est à dire
fabriqué en violation des règles hubbardiennes de la
sect
Autres ouvrages scientologues
Ne disposant pas de la série complète – estimée
à près de 600 volumes (pour la plupart compilés
à partir de textes déjà publiés) , il
manque ici un certain nombre d'autres ouvrages mineurs répondant
au même besoin de se faire accepter comme religion. Font vraisemblablement
partie du lot les titres Ron, le Philantrope (3 volumes);
Ron, l'Humaniste; Ron, le Philosophe; Ron, l'auditeur; Ron, Lettres
et journaux (3 volumes), et d'autres peut-être. Je recommande
aux lecteurs qui auraient accès à ces documents d'en
comparer les critères à ceux sous-tendus ici.
Le Magazine Terra Incognita
Il s’agit d'un magazine français annoncé trimestriel
à l'origine (juillet 1997), mais qui semble avoir disparu après
le premier numéro. Terra Incognita démontre -
s'il le fallait- les intentions laïques, séculières,
profanes, et publicitaires de la secte.
Ici, plus question de scientologie ni de religion, exception faite
pour une référence à M. Kanzan Takada,
supposé Bouddhiste zen, et M. Sawada, présenté
comme chef religieux Shinto [" expert "
que l'on retrouve plus haut parmi les apologistes de Théologie...].
La brochure, luxueuse, fit un flop retentissant dès les premiers
jours et souleva une campagne de presse critique dans les kiosques
parisens et sur les ondes. L'ouvrage cherche manifestement à
attirer des curieux via New Era Publications France, organe
commercial éditeur 100 % scientologique. Le contenu s'adresse
exclusivement à une science du mental, la dianétique
évidemment.
- Observation: si cette tentative profane peut paraître
risquée pour l'image religieuse de la secte
aux yeux de non-scientologues, elle reste pourtant tout à
fait cohérente aux yeux du scientologue, pour qui la seule
chose qui compte n'est pas religion ou non, mais d’attirer
par tous moyens les clients à payer des services.
L'apparence religieuse devient dès lors
complètement secondaire, autant que de pure rhétorique.
La religion est pour la scientologie une affaire de forme, destinée
à "l'extérieur", en visant en particulier,
les services fiscaux, juridiques, judiciaires, éducatifs,
religieux et officiels.
On pourrait d'ailleurs estimer que la scientologie a en partie réussi
à imposer cette dénomination religieuse, la plupart
des journaux ou des officiels l'ayant une fois, voire à chaque
fois, désignée sous le vocable "Eglise de Scientologie".
Les films de présentation et le CD ROM envoyé aux
familles ou journaux etc.
Voici un extrait d'un message d'un assesseur admis par la justice
danoise à siéger lors d'un procès entamé
par trois anciennes scientologues contre la scientologie danoise:
Comme une suite à mes articles et à des interviews,
la journaliste de KD et moi avons reçu (mon paquet arrivera
dans quelques jours) un petit paquet contenant un CD et du matériel
à lire.
Ceci nous explique que la Sciento, c'est super-sympa et pas si dangereux
que ça, et c'est seulement parce que nous ne connaissons pas
la Scientologie suffisamment bien, que nous écrivons ce genre
de
choses horribles... En gros: Nous sommes des ignorants, quoi.
Ce matériel (en danois) est fait pour les membres de la famille
de personnes qui sont entrés dans la Scientologie. Il est fait
pour les calmer...
Il n'y a pas beaucoup de "religions" qui ont du matériel
conçu pour calmer les proches de la famille d'un membre...
[ni pour tenter d'infléchir aussi directement une partie
d'un procès]
Quant au film d'introduction à la scientologie, la secte l'a
publié en nombre de langages. Ce n'est ni plus ni moins, comme
on peut le constater en lisant l'analyse
qu'en a faite un spectateur, qu'un bourrage de crâne supplémentaire
à caractère pseudo-spiritualiste, ou la secte brâme
un bon nombre de fois "relig---" sous toutes ses
formes.
Conclusion
Il ne fait pas de doute qu'aucune religion ou autre mouvement plus
ou moins religieux n'a jamais tenté pareil effort de publication
et de recherche systématique "d'expertises positives"
pour tenter de prouver sa religiosité ou pseudo-religiosité.
Sans l'énorme confusion, les contradictions formelles ou informelles,
sans les innombrables perversions inhérentes aux sujets mêmes
de la sociologie des religions et de son prédécesseur
l'Histoire des religions, jamais un scientifique n'eût estimé
la scientologie comme religieuse auparavant. Certains des experts
précités eux-mêmes expriment timidement ces désaccords
au sein de leur discipline. On retrouve les mêmes questionnements
dans les ouvrages encyclopédiques consacrés au sujet.
Quant à la qualifier sur des bases théologiques, Dieu
n’est pratiquement jamais mentionné sauf dans quelques textes
de façade comme son crédo. Le dédain affirmé
d’Hubbard vis à vis du Christianisme en dit long : " There
was no Christ on the Cross " rappelle-t’il dans une
conférence confidentielle d’un cours de " classe
VIII. "
Sans nul doute, et comme l'ont parfaitement expliqué des juges
et des expertises ou études approfondies, la scientologie présente
de rares aspects religieux, mais elle est fondamentalement pseudo-psychologique,
pseudo-médicale, pseudo-psychiatrique [comme la qualifie
le Pr Stephen A. Kent, Canada], et profondément commerciale,
laïque et profane.
Ces trois disciplines, médecine, psychologie et psychiatrie,
présentent d'ailleurs au moins autant d'aspects religieux
que la secte, sans pour autant rechercher un classement parmi
les "médecines de l'âme", qu'elles mériteraient
au moins autant qu'elle, puisque leurs aspects commerciaux sont moins
affirmés que les siens (au point par exemple qu'il soit interdit
aux médecins de se faire de la publicité directe, en
France et dans bien d'autres pays, alors que les religions le peuvent*).
- *Aux USA, les églises passent d’énormes
placards publicitaires : ainsi, pour une ville de 100000
âmes, j’ai compté 10 pages d’annuaire, et aperçu
une page entière d’annonces payantes dans les journaux
du samedi.
-
- **************
La scientologie n'est pas et n'a jamais
été religion; elle ne pourra jamais le devenir à
moins de faire disparaître tout ce qui compose ses particularités,
ce qui reviendrait à l'annihiler presque intégralement,
car cette érosion toucherait le coeur de ses pratiques.
Roger Gonnet
ex-dirigeant fondateur d'une entreprise scientologue
régionale (Lyon)
auteur de "La Secte", éditions Alban
(c) 2000
Supplément: extrait du témoignage
sous serment de Gerry Armstrong, ancien officier d'Hubbard, aaynt
eu à préparer la biographie du gourou scientologue:
57: Selon moi, le fait d'avoir fait connaître
les "écritures sacrées" de la scientologie
dont il est question dans les procès contre Ward, Henson, Erlich,
Lerma et Factnet, est une situation analogue dans laquelle le même
principe de liberté religieuse s'applique. Une entité
qui prétend diposer d'écrits secrets que des gens doivent
payer pour voir et qu'ils doivent être d'accord pour ne pas
dévoiler, ne peut en fait être une religion, car une
telle politique restreint ou interdit l'expression religieuse. On
pourrait appeler "société de vente de secrets"
une telle entreprise, et elle se trouverait dès lors en compétition
avec d'autres "sociétés de vente de secrets",
en tout cas tant qu'elle ne prétend pas que ses secrets sont
des "secrets religieux".
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