Témoignage de Yolanda Howell
Les enfants martyrs en scientologie
 



 

Résumé: Ce texte est un plaidoyer fourni par une scientologue qui a vu sa famille détruite, un de ses enfants tué et un autre blessé pendant son "séjour" à la sea-org, l'organisation "élite" des scientologues.

(c) 1989 Yolanda Howell et traduction française (c) 1997 Roger Gonnet, droits de reproduction accordés pour usages non commerciaux.


AFFIDAVIT
Yolanda Howell
(adresse)
autre version de ce témoignage

Chère Margery,

J'ai lu votre plaidoyer dans le "Free Spirit". Moi aussi, j'ai des histoires horribles à relater. Moi aussi, j'aimerais obtenir une sorte de récompense (s'il était possible de remplacer les vies perdues, les rèves, les amitités, les gains d'argent perdus, etc), mais je n'ai su où me tourner du fait de mon "statut de limitations" qui s'achevait... J'étais dans un tel état de choc que je n'ai même pas pu parler durant la période de ce "statut de limitation"!

En bref, car je crois que vous aimeriez que ces choses soient brièvement exposées, je dirai ce qui suit:

1. J'ai rejoint la Mission de scientologie de Salt Lake City, Utah, en Mai 1973, à 21 ans.

2. En Novembre 1973, après un "conseil de mariage" très insatisfaisant, j'ai divorcé de mon mari depuis cinq ans. J'avais trois enfants de 4 ans, 2 ans et 9 mois. Nous avons vendu notre maison presque neuve et nos possessions, et mon mari a pris tout l'argent pour aller se faire "auditer".

3. En Juin 1974, on m'a convaincue de joindre la Sea Org à AOLA, Los Angeles, où "je serais entraînée comme auditeur dans une des organisations les plus éthiques de la planète, où je recevrais 5 $ de l'heure -une bonne paie [pour la secte, ndt] à l'époque -. Après cette formation, on me donnerait un bel appartement pour vivre avec mes enfants,  l'on me fournirait nourriture et habillement pour moi et mes enfants. Mes enfants iraient à l'école dans une "crèche vraiment splendide." J'ai laissé tomber le programme de comptabilité que je suivais pour cette situation qui semblait rèvée pour une mère célibataire.

4. Au bout d'une nuit dans un "appartement" d'une seule pièce, mes enfants ont été pris et emmenés à "l'org des cadets" , qui n'était à l'époque qu'un endroit sale, mal dirigé, une crèche pour enfants de la sea-org [organisation maritime de l'élite sciento, ndt]. On m'escorta jusqu'à l'Excalibur [premier bateau de la sea org, ndt] où je fis ma formation "Produit Zero" (terme sea org du premier niveau de compétence sea org). Je suis revenue des semaines plus tard, pour découvrir que mes affaires personnelles avaient été fouillées, des choses pillées, et qu'il me fallait dormir sur un matelas sans couvertures dans un foyer de la maison des staffs.

5. En plus de mon propre horaire au delà de 22 heures le soir (on faisait des "toutes mains" chaque jour pour aider à diverses choses), il apparut que mes enfants n'avaient pas toujours à manger à l'org des cadets. Je me suis mise en rapport avec le HAS (secrétaire d'association hubbard, un dirigeant d'une org, ndt) afin de m'assurer qu'on nourrisse mes enfants, mais on m'a réprimandée. J'étais tellement épuisée physiquement et mentalement que j'hallucinais (je n'avais jamais halluciné sous marijuana, que j'avais fumé quelques fois en 1972). J'ai senti que je souffrais beaucoup mentalement à cette époque.

6. Mes parents sont venus nous voir, ont vu les conditions, m'ont parlé pour que je quitte la sea org, ce que j'ai fait durant un week-end dehors - une rareté qu'on m'avait accordée pour prouver à mes parents à quel point tout était normal dans la sea org. Nous sommes allés chez mon oncle dans le Nevada et j'ai paniqué: je pensais que si je partais sans permission, je serais déclarée suppressive, que je mourrais en tant qu'être et que je serais incapable de m'occuper de mes enfants. J'ai dit à mes parents de ramener les enfants à Salt Lake City, que je reviendrai à AOLA et que je partirai de la sea org dans les règles. Je leur ai dit que je serais probablement de retour trois jours plus tard.

7. J'ai essayé des jours durant de voir le MAA (Maître d'Armes, l'officier de discipline, ndt) ou le HAS pour pouvoir partir. Finalement, j'ai vu le HAS qui m'a en fait envoyée promener et renvoyée à mon poste. Je croyais qu'il "s'en occupait". Ca a duré trois semaines. J'avais un chagrin terrible de ne pas voir mes enfants; de la confusion face à ce que je voyais dans l'organisation, et j'étais au désespoir qu'on me laisse jamais "partir dans les règles". La Maître d'Armes me terrifiait (Margaret George). Elle hurlait presque tout le temps, elle appelait tout le monde des "SPs" ( SPs: des suppressifs, la pire injure en sciento, ndt) et je ne savais finalement plus qui considérer "SP" ou pas en sciento. J'ai finalement réussi à la voir, elle m'a crié dessus; elle m'a dit que j'avais finalement eu ce que je voulais. Je lui ai demandé ce qu'elle entendait par ça, elle m'a répondu que je n'avais jamais voulu avoir mes enfants de toute façon.

8. Mon ex-mari a appelé entretemps (jusque là, nous avions toujours été en bons termes jusqu'à ce que je parte à la sea org; je le connaissais depuis que j'avais douze ans, il ne m'avait jamais déçu jusqu'ici); il m'a dit que mes parents lui avaient dit qu'ils ne pouvaient pas garder les enfants parce qu'il fallait qu'ils travaillent. Il avait offert de les garder jusqu'à ce que je revienne. (Onze ans plus tard, quand j'ai finalement pu parler de ce qui s'était passé, mes parents m'ont appris la vérité: ils avaient engagé une nurse permanente pour s'en occuper pendant qu'ils travaillaient, dans la journée; ils ont dit que mon ex-mari avait appelé pour dire qu'il pouvait reprendre les enfants! Ils n'avaient jamais réussi à me joindre au téléphone, et on m'avait empèché de les joindre pour parler, sauf une fois).

9. Au bout de six semaines, j'ai été prise "en séance" (d'audition, ndt), j'ai eu un rockslam [il s'agit d'un mouvement d'aiguille spécial de l'électromètre sciento, supposé, d'après Hubbard, indiquer des intentions nuisibles chez la personne] et on m'a dit qu'on me mettait dehors à cause de mes mauvaises intentions. Je suis rentrée à Salt Lake City avec un ticket payé par Maman.

10. En revenant à Salt Lake City, j'ai immédiatement appelé mon ex-mari pour lui dire que j'étais revenue. Il semblait très froid et distant au téléphone. Je suis allé à la Mission en pensant qu'il avait les enfants ou quelque chose de ce genre. J'ignorais que quelque chose ne collait pas. J'ai été prise de force par l'officier d'éthique, dès que j'ai mis un pied à l'intérieur, et menée dans le bureau du Directeur Exécutif en Second (David West), qui agissait comme "médiateur", pendant que mon ex-mari me menaçait de me "casser la tête"avec une chaise à bout de bras. J'étais encore épuisée mentalement et physiquement, et cette dernière chose m'a fichu un sacré choc. Comme je l'ai dit, mon ex-mari et moi avions toujours été en bons termes, et le voilà qui me menaçait de mort, face à un témoin! Je lui ai demandé ce que j'avais fait de mal, il a dit qu'il ne voulait plus me voir en ville parce qu'il allait se marier et qu'il craignait de m'aimer encore. J'ai essayé de l'apaiser et de le rassurer: je venais seulement chercher mes enfants.

11. Il m'a alors informé que je ne pourrais pas les avoir (c'est moi qui en avais la garde légale). J'étais effondrée, je ne pouvais même pas discuter. Je ne pouvais croire que ça se passe ainsi. Dave West m'a dit qu'il y avait eu tant de "troisième partie"(des ragots, ndt) ici depuis mon départ, qu'il voulait qu'aucun scientologue ne me parle. En fait, il ne voulait même pas me voir dans une rue où il y aurait eu un autre scientologue. (Salt Lake n'est pas une grande ville, et j'habitais près de la mission. Un jour, on m'a vue en train de boire un jus d'orange chez Dee, et j'ai reçu un coup de fil vicieux de Dave West me disant de ne plus aller dans la 2e rue...une rue principale de Salt Lake!)

12. J'ai plaidé avec Dave et mon ex-mari pour qu'ils me laissent au moins voir mes enfants. Dave et lui m'ont dit de revenir avec 1500 $ pour me faire auditer, pour que je puisse voir mes enfants. (Ce n'est que cette année que ma cadette m'a dit que son père avait été très amoureux de moi, mais que c'était avant de connaître son auditeur, Dave West, qui lui avait "rectifié ses idées".) Apparemment, tout l'incident avait été fabriqué par Dave West, Directeur en Second! Comme on entraînait alors mon ex-mari comme Vendeur (le terme sciento est registrar, ou chargé d'inscriptions, ndt), je suppose qu'il avait vu là une bonne méthode pour démarrer sa carrière...

13. On m'a dit de ne dire à personne ce que j'avais entendu, sans quoi on me déclarerait suppressive et je ne verrais plus jamais mes enfants!

14. Pour trouver l'argent, j'ai enquiquiné ma famille, à tel point qu'ils m'ont un peu repoussée, alors que nous avions été si proches jusque là... et j'ai fait la manche auprès d'étrangers à Sugarhouse Park, pas seulement pour avoir quelques dollars, mais pour qu'ils me donnent la somme totale! Finalement, maman me l'a avancée, alors qu'elle ne comprenait pas encore ce qui se passait. On m'a alors permis de voir mes enfants, une seule fois. On ne m'a pas permis de revenir à la mission, alors qu'ils avaient mon argent... on m'a dit qu'il fallait 1600 dollars de plus pour payer ma dette de "déserteur de la sea org" (en sciento, les membres du personnel qui ne vont pas jusqu'au bout de leur contrat doivent rembourser tous les "frais de formation" soi-disant coûteux qu'ils ont reçu, ndt)

Je n'ai parlé de ceci qu'en séance d'audition, des années plus tard, et il n'y a jamais eu d'action contre Dave West ou contre mon ex-mari. On n'a jamais abordé ce sujet en séance! Bien que j'aie fait les conditions éthique (ensemble complexe d'étapes pour 'remonter' dans la bonne voie sciento...) pour récupérer mes enfants, et supporté tous les coups possibles qu'ils ont asséné à mon égo, et bien que j'aie entrepris des auditions dix ans durant pour savoir "ce qui m'avait valu ça", on ne m'a jamais laissé récupérer mes gosses, ni même leur parler.

J'ai ensuite découvert par Phil Parks de la mission de Salt Lake, que Dave West avait raconté à tout le monde que j'avais "blowé" (blower: partir sans la permission des chefs scientologues, ndt) de la sea org, et que par conséquent, j'avais été "déclarée suppressive", si bien qu'ils n'avaient pas le droit de me parler. Phil Parks et les autres croient encore à ce jour les calomnies répandues par mon ex et par Dave West. Pendant sept ans, j'ai croisé des gens qui ne connaissaient rien de la scientologie, mais qui "avaient entendu parler de moi". Quand je leur demandais ce qu'ils avaient entendu, ils ne s'en souvenaient jamais, mais c'était invariablement " du mal", et que j'avais abandonné mes enfants, que je les laissais mourir de faim, que mon ex-mari avait dû me les reprendre, etc... Quatre de ces personnes: Sue Cooper-Kimball Piper; Dee Barber; Gina Godwin et Annie Mc Gregor. On m'a tant diffamée et j'ai été tant touchée par la perte de mes enfants que mon aptitude à gagner de l'argent en a pris un coup (c'est très difficile d'expliquer à des non-scientologues , surtout en Utah où les valeurs familiales comptent beaucoup, que vos enfants ne vivent pas avec vous). J'en avais énormément honte, mais ne pouvais dire à qui que ce soit ce qui se passait. La question des enfants est venue à jour au cours de plusieurs entretiens de travail, et je suis sûre que mon émotivité sur le sujet et mon niveau d'aptitudes affaibli par ce fait sont à la base de bien des échecs de travail; J'avais l'impression qu'il fallait que je présente la scientologie comme quelque chose de bien, que je sois une excellente scientologue, quoi qu'il arrivât, sans quoi je ne reverrais plus mes enfants.

La calomnie était telle, j'étais à ce point dévastée, que je ne m'en suis jamais remise. Mon fils, mon bébé, est mort désormais, renversé par une voiture à l'âge de cinq ans, en traversant une rue alors "qu'il était protégé par postulats" [les scientos sont persuadés qu'il suffit de postuler-prévoir qu'une bonne chose va arriver pour qu'elle ait lieu, ndt; ils appellent cela postuler.] Mon fils n'a jamais su que j'étais sa mère. Il a pensé que j'étais une bonne femme bizarre, venue en visite , que les autres appelaient Maman.

Quand j'étais en fin d'études secondaires, j'étais dans les 3% supérieurs du score national; mon QI a toujours été testé entre 122 et 144. J'avais de la volonté et du potentiel. Je souffrais malheureusement d'une mesure équivalente de naïveté. La scientologie a pris appui sur ma gentillesse, m'a convaincue que je ne valais strictement rien, a détruit ma vie de famille. Il y a plus à dire encore, mais, quinze ans après, et bien que je sois une "OT" (niveau supérieur de sciento), j'ai toujours bien du mal à me remémorer tout ceci.

David West est actuellement, que je sache, le Superviseur de Cas Supérieur de NOTs à AOLA (Org avancée de Los Angelès).

_____________

DEUXIEME TEMOIGNAGE - SUITE - DE YOLANDA HOWELL:

Les effets secondaires néfastes de la scientologie sur ma vie de famille ont été catastrophiques et permanents. Quand nous y sommes rentrés, nous étions une famille heureuse et aimante. Nous venions de bâtir une belle maison dans le faubourgs, avec tout le confort. Mon mari et moi-même voulions fournir à notre famille toute la stabilité et les soins aimants qu'il faut. Je n'avais que 21 ans, nous avions trois enfants de quatre mois, un an et trois ans.

Dans l'année de notre entrée, nous étions divorcés, nous avions déménagé quatre fois les enfants. Ils vivent toujours dans la crasse et la misère de la sea org.

Je suis entrée dans le personnel de la mission locale de scientologie. Ceci a rapidement rendu mon mari fou. Il est venu à la Mission pour tuer tout le monde et à menacer de se faire sauter la tête avec un révolver. J'ai eu la garde exclusive des enfants ensuite. Quelqu'un de la mission l'a "manié", lui aussi, et il est entré sur le staff. Il ne pouvait payer l'éducation des enfants.

J'ai joint la sea org après qu'un recruteur de Flag (QG de la secte, ndt) m'ait dit qu'on me donnerait un "chouette appartement" . Malgré mes protestations, on m'a pris mes enfants pour les envoyer vivre à l'org des cadets, quelques rues plus loin. On m'a ensuite fourni de la formation - (qu'il a fallu que je repaye ensuite sous prétexte de "dette de déserteur"). Les promesses d'environnement merveilleux -- les plus éthiques de la planète -- n'étaient que mensonges. Les taudis de ma ville ne donnent même pas idée des conditions horribles subies en scientologie. Mes enfants étaient toujours sales - leurs jeux et habits redistribués dans toute l'org des cadets. Aucun n'avait quoi que ce soit à lui.

Mon mari a répandu la rumeur que je laissais mes enfants mourir de faim, alors que l'org des cadets ne leur donnait pas assez à manger. Quand j'ai protesté sur ces conditions de vie dans l'org des cadets, et demandé à repartir de la sea org pour avoir une aide, on m'a dit que ce n'était pas éthique de se servir d'aide, et je n'ai pas pu partir. J'ai envoyé mes enfants vivre avec mes parents pendant que j'essayais de partir de la sea org. Mon mari, aidé de sa copine, et de son auditeur, les ont kidnappés.

L'Officier dirigeant de la Mission et mon mari (qui y travaillait aussi) ont dit des mensonges à mon sujet. Quand je suis sortie en règle de la sea org, que je suis revenue à la mission chercher mes enfants, personne ne voulait me parler. Ils se fichaient du bien-être de mes enfants ou du fait que j'en avais la garde légale. Les lois "Wogs" (hors sciento) ne comptent pas pour la scientologie. Mon ex-mari travaillait nuit et jour sur le staff. On a donc laissé très tôt mon aînée s'occuper des petits, y compris ceux des voisins. Mon mari a épousé une fille qui croyait en les idées d'Hubbard quant au fait qu'il vaut mieux que ce ne soit pas les parents naturels qui élèvent leurs enfants - à cause d'engrammes - des expériences douloureuses mutuelles, vous voyez...
Ils ont donc négligé mes enfants, ce qui fait que mon aînée est instable et criminelle, et que mon cadet est mort renversé par une voiture, en jouant sans surveillance dans une rue très encombrée. Ils ont "juré qu'il était protégé par postulats".

Des gens m'ont ostracisée à la mission et je n'ai pu dire mon mot sur l'éducation de mes enfants. Mais au moins, j'ai pu les voir de temps à autre. On m'avait interdit de critiquer leur éducation. J'avais si peur de les perdre si j'ouvrais la bouche...

Bien que j'aie dit que j'avais règlé les choses avec la scientologie, on m'a dit que je ne pourrais voir mes enfants si je ne venais pas avec l'argent pour de l'audition et pour payer ma dette de déserteur de la sea org; on m'a aussi prévenue que je serais "déclarée suppressive" si je disais ce qu'ils faisaient à mes enfants. L'officier directeur disait qu'il avait l'intention de mentir et de dire que j'étais partie sans permission de la sea org, pour que personne ne veuille me parler. Ils se fichaient du mal qu'ils faisaient à mes enfants en les privant brutalement de leur mère. C'est moi qui étais leur principal support depuis la naissance.

Quand ma fille eût 5 ans, elle mit des lames de rasoir dans le portefeuille de sa belle-mère pour "se venger". Mon fils choquait tout le monde avec ses longs cheveux noirs (comme les miens), ma seconde fille a également été renversée par une voiture. Elle n'est pas morte. Elle a quand-même un oeil définitivement abîmé depuis qu'elle a deux ans. Un autre gamin de huit ans la gardait ainsi que cinq autres gosses. La maison qui servait à cela était celle d'une esthéticienne scientologue qui laissait traîner ses affaires. Ma fille s'est renversé de la teinture dans l'oeil.

J'ai gardé des enfants d'autres staffs de scientologie, je les aimais vraiment. Une chose commune dans toutes ces familles (la plupart avaient un ou plusieurs divorces à leur actif): les enfants y étaient privés d'une éducation normale et sécurisante. Dans la sea org, bien des familles des cadres me faisaient "garder leurs enfants" pendant mes "heures de formation" parce que les conditions de vie de l'org des cadets étaient trop moches. On leur a ensuite ordonné d'envoyer quand-même leurs enfants à l'org des cadets. Plusieurs d'entre ces enfants ont eu des ennuis légaux parce qu'ils erraient dans le rues de Los Angeles sans surveillance. Leurs parents ont eu des ennuis parce qu'ils ne s'occupaient pas des enfants, malgré qu'on ne leur en ait pas laissé le temps. Les activités de la sea org exigeaient que les enfants et leurs parents soient privés de vie de famille. Les enfants étaient privés de l'amour et des guides nécessaires. A la place de ça, on leur donnait de ces phrases rebattues d'Hubbard pour guider leurs existences. On ne leur apprenait jamais à penser ou à se servir d'autre chose en dehors du "hubbardisme".

Un petit bébé que j'ai connu a pris de l'herpès au cours d'une épidémie dans l'org des cadets; une fille de 14 ans m'a dit comment , elle et plusieurs autres, quittaient l'org des cadets durant la journée pour "accomplir des services sexuels" pour de l'argent, chez un oncle de l'une d'elles. Un type qui travaillait à l'org des cadets a admis qu'il avait violé des enfants. Bien que ces incidents aient fait l'objet de rapports, ils n'ont jamais été "maniés", pour autant que je sache.

J'ai vu un des enfants de staffs scientologue se faire "déclarer suppressif" à douze ans, et expédié à la rue sans moyens de survie. Quand il a essayé d'entrer dans la cantine, deux adultes l'ont saisi et rejeté dehors.

Le bébé d'une femme est tombé très malade -- maigre, avec une entérite aigüe -- après qu'on se soit servi de la "formule Bébé d'Hubbard". on ne nous laissait pas dire que ça ne valait rien, pourtant. Ce que j'ai pu respecter la mère parce qu'elle disait que c'était la formule d'Hubbard qui faisait du mal à son bébé! Il s'est remis ensuite.

Une autre famille accouchait les enfants à la maison, et ne déclarait pas les naissances. Si leurs enfants veulent aller dans la société normale un jour, ils n'existent pas ! J'en connais un autre qui est né et mort avec le cordon autour du cou - un truc tout bête quand on est à l'hopital -- mais les scientologues se fichent des ces choses-là.

Mes enfants, ceux qui se sont débrouillés pour survivre à l'éducation scientologue, sont mal adaptés et ont toute sorte d'ennuis en société. Ma seconde fille, qui a rejeté la scientologie et qui dit que "c'est ce qui a démoli sa famille" s'est débrouillée pour obtenir un diplôme d'université, en travaillant dur et grâce à des bourses scolaires. Sa famille avait des tas de fric, mais il "servait à monter sur le Pont" (la voie sacrée et coûteuse de la secte, ndt). Elle ne tient pourtant pas à "faire carrière". Elle dit qu'elle veut une famille stable et aimante, où elle puisse partager son amour: une chose qu'elle n'a jamais connue.

Ces atrocités qui ont été commises contre des enfants par des individus se servant des "technologies de scientologie" sont suffisamment répréhensibles pour fournir une bonne raison à pousser le gouvernement à mettre la secte en faillite. Mais si le gouvernement ne peut ou ne veut rien faire, c'est nous qui devons parler, nous servir de pamphlets, de livres, de vidéos, d'entretiens et autres moyens médiatiques. Ce n'est qu'en nous unissant et en parlant en public que nous pourrons protéger d'autres enfants des horreurs auxquelles ils sont confrontés.

YOLANDA HOWELL